2. "Moines, supposons qu'une pièce de tissu fusse tachée et sale, et qu'un teinturier la trempât dans une teinture ou l'autre, soit bleue soit jaune ou rouge ou rose, elle prendrait mal la teinture et serait impure en couleur. Et pourquoi est-cela? Parce que la pièce de tissu n'était pas propre. Il en va de même, moines, lorsque l'esprit est souillé,[1] on peut s'attendre à une destination malheureuse [dans une existence future].
"Moines, supposons qu'une pièce de tissu fusse propre et lumineuse, et qu'un teinturier la trempât dans une teinture ou l'autre, soit bleue soit jaune ou rouge ou rose, elle prendrait bien la teinture et serait pure en couleur. Et pourquoi est-cela? Parce que la pièce de tissu était propre. Il en va de même, moines, lorsque l'esprit est sans souillure, on peut s'attendre à une destination heureuse [dans une existence future].
3. "Et que sont, moines, les souillures de l'esprit?[2] (1) La convoitise et l'avidité malhonnête sont une souillure de l'esprit; (2) la mauvaise volonté est une souillure de l'esprit; (3) la colère est une souillure de l'esprit; (4) l'hostilité...(5) le dénigrement...(6) la volonté de puissance...(7) l'envie...(8) la jalousie...(9) l'hypocrisie...(10) la tricherie...(11) l'obstination...(12) la présomption...(13) l'orgueil...(14) l'arrogance...(15) la vanité...(16) la négligence est une souillure de l'esprit.[3]
4. "Sachant, moines, que la convoitise et l'avidité malhonnête sont une souillure de l'esprit, le moine les abandonne.[4] Sachant que la mauvaise volonté est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la colère est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'hostilité est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que le dénigrement est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la volonté de puissance est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'envie est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la jalousie est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'hypocrisie est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la tricherie est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'obstination est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la présomption est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'orgueil est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que l'arrogance est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la vanité est une souillure de l'esprit, il l'abandonne. Sachant que la négligence est une souillure de l'esprit, il l'abandonne.
5. "Lorsque dans le moine qui sait ainsi que la convoitise et l'avidité malhonnête sont une souillure de l'esprit, cette convoitise et cette avidité malhonnête ont été abandonnées; lorsqu'en lui qui sait ainsi que la mauvaise volonté est une souillure de l'esprit, cette mauvaise volonté a été abandonnée;... lorsqu'en lui qui sait ainsi que la négligence est une souillure de l'esprit, cette négligence a été abandonnée -- [5]
6. -- il en tire donc une confiance sans faille dans le Bouddha[6] comme suit: 'Ainsi est effectivement le Béni du Ciel: il est accompli, pleinement éveillé, doté de [claire] vision et de [vertueuse] conduite, sublime, connaisseur des mondes, le guide incomparable d'hommes qui sont traitables, l'enseignant des dieux et des hommes, éveillé et béni.'
7. -- il en tire une confiance inébranlable dans le Dhamma comme suit: 'Bien proclamé par le Béni du Ciel est le Dhamma, réalisable ici et maintenant, capable de résultat immédiat, vous offrant de venir et voir, accessible et connaissable individuellement par les sages.
8. -- il en tire une confiance inébranlable dans le Sangha comme suit: 'Le Sangha des disciples du Béni du Ciel est entré sur la bonne voie, est entré sur la voie droite, est entré sur la vraie voie, est entré sur la voie appropriée; c'est à dire, les quatre paires d'hommes, les huit types de personnes; ce Sangha des disciples du Béni du Ciel est digne de cadeaux, digne d'hospitalité, digne d'offrandes, digne de salutation révérentielle, l'incomparable champ de mérites pour le monde.'
9. "Lorsque il a laissé tomber, renoncé, lâché prise, abandonné et quitté [les souillures] en partie,[7] il sait: 'Je suis doté d'une confiance inébranlable dans le Bouddha... dans le Dhamma... dans le Sangha; et il en tire de l'enthousiasme pour le mais, en tire de l'enthousiasme pour le Dhamma,[8] en tire de la joie en rapport avec le Dhamma. Lorsque il est réjoui, la joie naît en lui; étant joyeux en esprit, son corps devient tranquille; son corps étant tranquille, il ressent du bonheur; et l'esprit de qui est heureux devient concentré.[9]
10. "Il sait: 'J'ai laissé tomber, renoncé, lâché prise, abandonné et quitté [les souillures] en partie'; et il en tire de l'enthousiasme pour le mais, en tire de l'enthousiasme pour le Dhamma, en tire de la joie en rapport avec le Dhamma. Lorsque il est réjoui, la joie naît en lui; étant joyeux en esprit, son corps devient tranquille; lorsque son corps est tranquille, il ressent du bonheur; et l'esprit de qui est heureux devient concentré.
11. "Si un moine d'une telle vertu, ô moines, d'une telle concentration et d'une telle sagesse[10] mange des aumônes de nourriture qui consistent en riz de colline de choix de même qu'en diverses sauces et currys, même cela ne sera pas un obstacle pour lui.[11]
"De même que le tissu qui est taché et sale devient propre et lumineux grâce à l'eau pure, ou de même que l'or devient propre et lumineux grâce à un quatre, donc aussi, si un moine de telle vertu, de telle concentration et de telle sagesse mange des aumônes de nourriture qui consistent en riz de colline de choix de même que diverses sauces et currys, même cela ne sera pas obstacle pour lui.
12. "Il demeure, ayant imprégné d'un esprit de bonté aimante[12] une direction du monde, pareillement la seconde, pareillement la troisième, pareillement la quatrième, et ainsi au-dessus, au-dessous, tout autour et partout, et envers tout comme envers lui-même; il demeure imprégnant l'univers entier de bonté aimante, d'un esprit qui a grandi, noble, sans limites et libre d'inimitié et de mauvaise volonté.
"Il demeure, ayant imprégné d'un esprit de compassion... de joie sympathique... d'équanimité une direction du monde, pareillement la seconde, pareillement la troisième, pareillement la quatrième, et ainsi au-dessus, au-dessous, tout autour et partout, et envers tout comme envers lui-même; il demeure imprégnant l'univers entier d'équanimité, d'un esprit qui a grandi, noble, sans limites et libre d'inimitié et de mauvaise volonté.
13. "Il comprend ce qui existe, ce qui est bas, ce qui est excellent,[13] et quel moyen il y a d'échapper à [tout] ce champ de perception.[14]
14. "Lorsqu'il sait et voit[15] de cette façon, son esprit se libère du carcan du désir sensuel, se libère du carcan du devenir, se libère du carcan de l'ignorance.[16] Une fois libéré, il y a connaissance: 'C'est libéré'; et il sait: 'La naissance est épuisée, la vie de pureté a été vécue, la tâche est accomplie, il n'y a plus rien de ceci à venir.' Un tel moine est dit être 'baigné du bain intérieur."[17]
15. Or à ce moment-là le brahmane Sundarika Bharadvaja[18] était assis à peu de distance du Béni du Ciel, et il s'adressa au Béni du Ciel comme suit: "Mais est-ce que Maître Gotama va à la rivière Bahuka pour se baigner?"
"De quel bien, brahmane, est la rivière Bahuka? Que peut faire la rivière Bahuka?"
"En vérité, Maître Gotama, de nombreuses gens croient que la rivière Bahuka apporte la purification, de nombreuses personnes croient que la rivière Bahuka apporte des mérites. Car dans la rivière Bahuka de nombreuses personnes se dépouillent des mauvaises actions qu'ils ont commises."
16. Puis le Béni du Ciel s'adressa au brahmane Sundarika Bharadvaja par ces stances:[19]
Bahuka et Adhikakka,[20]
Gaya et Sundarika,
Payaga et Sarassati,
Et le torrent Bahumati --
Un sot peut s'y baigner pour toujours,
Il n'y purifiera pourtant pas ses noires actions.Que peut faire disparaître le Sundarika?
Que peuvent le Payaga et le Bahuka?
Ils ne peuvent purifier un malfaisant,
Un homme qui commet des actes brutaux et cruels.Qui est pur en son coeur a à jamais
La Fête de la Purification[21] et le Jour Saint;[22]
Qui a le coeur pur fait de bonnes actions
Et ses observances sont parfaites en tout temps.C'est ici, ô brahmane, que tu dois te baigner[23]
Pour faire de toi un refuge sûr pour tous les êtres.
Et si tu parles sans fausseté,
Ni ne fait de mal aux choses qui respirent,Ni ne prend ce qui n'est pas offert,
Par foi et sans avarice,
Parti pour Gaya, qu'est-ce que cela ferait pour toi?
Que n'importe quel puits soit Gaya pour toi!
17. Lorsque ceci eut été dit, le brahmane Sundarika Bharadvaja prit la parole comme suit:
"Magnifique, Maître Gotama! Magnifique, Maître Gotama! Le Dhamma a été clarifié de plusieurs manières par Maître Gotama, comme s'il avait relevé ce qui avait été renversé, avait révélé ce qui avait été caché, avait montré le chemin à qui s'était perdu, ou avait tenu une lampe dans l'obscurité pour ceux qui ont des yeux pour voir les formes.
18. "Je prends refuge auprès de Maître Gotama, et auprès du Dhamma, et auprès du Sangha. Puissé-je recevoir la [première ordination de] quitter le domicile sous Maître Gotama, puis-je recevoir la pleine admission!
19. Et le brahmane Sundarika Bharadvaja reçut la [première ordination de] quitter le domicile sous le Béni du Ciel, et il reçut la pleine admission. Et peu après sa pleine admission, demeurant seul, reclus, diligent, ardent et résolu, le vénérable Bharadvaja par sa propre réalisation comprit et atteint en cette vie même le mais suprême de la vie pure, pour laquelle les hommes de bonne famille quittent la vie domestique pour mener la vie sans domicile fixe. Et il a la connaissance directe de ce qui suit: "La naissance est épuisée, la vie pure a été vécue, la tâche est accomplie, il n'y a plus rien de ceci à venir."
Et le vénérable Bharadvaja devint l'un des Arahats.
1. "Il en va de même, moines, si l'esprit est souillé..." Comm.: "On pourrait se demander pourquoi le Bouddha a donné cette comparaison du tissu souillé. Il l'a fait pour montrer que l'effort apporte de grands résultats. Un tissu souillé par la poussière adventice (c-à-d., venue de l'extérieur; agantukehi malehi), s'il est lavé, peut redevenir propre à cause de la pureté naturelle de la pièce de tissu. Mais dans le cas de ce qui est naturellement noir, as par exemple (noir) la fourrure de bouc, tout effort (pour le laver) sera vain. De même, l'esprit aussi est souillé par des souillures adventices (agantukehi kilesehi). Mais originellement, aux phases de renaissance(-conscience) et de continuum vital (subconscient), il est entièrement pur (pakatiya pana sakale pi patisandhi-bhavanga-vare pandaram eva). Ainsi que l'a dit (l'Eveillé): 'Cet esprit, moines, est lumineux, mais il devient souillé par des souillures adventices' (AN I.49). Mais en le purifiant, on peut le rendre plus lumineux, et l'effort n'y est pas vain." [Retour]
2. "Souillures de l'esprit" (cittassa upakkilesa). Comm..: "Lorsqu'on explique les souillures mentales, pourquoi le Béni du Ciel mentionne-t-il l'avidité en premier? Parce qu'elle surgit en premier. Car avec tous les êtres où qu'ils soient, jusqu'au niveau des Pures Demeures (des paradis de Brahma), c'est d'abord l'avidité qui surgit en vertu du désir d'existence (bhava-nikanti). Ensuite les autres souillures apparaîtront, étant produites selon les circonstances. Les souillures de l'esprit, cependant, ne se limitent pas aux seize qui sont mentionnées dans ce discours. Mais il faut comprendre que, en indiquant ici la méthode, toutes les souillures sont inclues." Le Sous-Comm.. mentionne les souillures additionnelles suivantes: la peur, la lâcheté, l'effronterie et manque de scrupules, l'insatiabilité, les mauvaises ambitions, etc. [Retour]
3. Les Seize Souillures de l'Esprit:
1. abhijjha-visama-lobha, la convoitise et l'avidité malhonnête
2. byapada, la mauvaise volonté
3. kodha, la colère
4. upanaha, l'hostilité ou malice
5. makkha, le dénigrement; le mépris
6. palasa, la volonté de puissance ou la présomption
7. issa, l'envie
8. macchariya, la jalousie, ou l'avarice; l'égoïsme
9. maya, l'hypocrisie ou la tromperie
10. satheyya, la tricherie
11. thambha, l'obstination, l'entêtement
12. sarambha, la présomption ou la rivalité; l'impétuosité
13. mana, l'orgueil
14. atimana, l'arrogance, le fait d'être hautain
15. mada, la vanité ou l'orgueil
16. pamada, la négligence ou l'insouciance; dans le comportement social, ceci mène au manque de considération.
Les souillures (3) à (16) apparaissent fréquemment comme groupe dans les discours, par ex., dans Majjh. 3; cependant que dans Majjh. 8 (reproduit dans cette publication) le no. 15 est omis. Une liste de dix-sept souillures apparaît régulièrement dans chaque dernier discours des livres 3 à 11 de l' Anguttara Nikaya, qui portent le titre de Ragapeyyala, Le 'Texte répétitif sur l'avidité' (etc.). Dans ces textes de l' Anguttara Nikaya, les deux premières souillures dans la liste ci-dessus sont appelées avidité (lobha) et haine (dosa), auxquelles est ajoutée l'illusion (moha); les quatorze autres souillures sont identiques avec celles de la liste ci-dessus. [Retour]
4. "Sachant que la convoitise et l'avidité malhonnête sont une souillure de l'esprit, le moine les abandonne."
Sachant (viditva). Sub.Comm..: "L'ayant su soit par la sagesse naissante (pubbabhaga-pañña du mondain, c-à-d., avant d'arriver à l'entrée dans le courant), soit par la sagesse des deux chemins inférieurs (entrée dans le courant et retour une seule fois). Il sait les souillures par rapport à leur nature, cause, cessation et moyen d'effectuer la cessation." Cette application de la formule des Quatre Noble Vérités aux souillures mérite une attention soutenue.
Les abandonne (pajahati). Comm..: "Il abandonne la souillure correspondante au moyen de (sa réalisation du) noble sentier où il y a 'abandon par éradication' (samucchedappahana-vasena ariya-maggena)," ce qui, selon le Sub.Comm.. est l' "abandon final" (accantappahana). Avant la réalisation des nobles sentiers, tout "abandon" des souillures est de nature temporaire. Voir Nyanatiloka Thera, Buddhist Dictionary, s.v. pahana.
Selon le Comm.., les seize souillures sont finalement abandonnées par les nobles sentiers (ou stages de sainteté) dans l'ordre suivant:
"Par le sentier de l'entrée dans le courant (sotapatti-magga) sont abandonnés: (5) le dénigrement, (6) la volonté de puissance, (7) l'envie, (8) la jalousie, (9) l'hypocrisie, (10) la tricherie.
"Par le sentier du non-retour (anagami-magga): (2) la mauvaise volonté, (3) la colère, (4) malice, (16) la négligence.
"Par le sentier de l'Arahanteté (arahatta-magga): (1) la convoitise et l'avidité malhonnête, (11) l'obstination, (12) la présomption, (13) l'orgueil, (14) l'arrogance, (15) la vanité."
Si, dans le dernier groupe de termes, la convoitise est prise au sens restreint comme ne faisant référence qu'à l'envie insatiable pour les cinq objets des sens, elle est finalement abandonnée par le sentier du non-retour; et ceci est, selon le Comm.. le sens qui est ici entendu. Toute avidité, cependant, y-compris la grande envie de bonne existence matérielle et immatérielle, n'est éradiquée que sur le sentier de l'arahanteté; d'où la classification sous ce dernier dans la liste ci-dessus.
Le Comm.. insiste de façon répétée que partout où notre texte mentionne l' "abandon", on fait référence au non-retournant (anagami); car dans le cas aussi de souillures surmontées au moment de l'entrée dans le courant (voir ci-dessus), les états d'esprit qui produisent ces souillures ne sont éliminés que par le sentier du non-retour. [Retour]
5. Le Comm.. souligne la connexion de ce paragraphe au suivant, en disant que les assertions sur chacune des seize souillures doivent être en rapport avec les paragraphes suivants, par ex., "lorsqu'en lui... la mauvaise volonté a été abandonnée, il en tire donc une confiance inébranlable..." C'est pourquoi la construction grammaticale du passage original en Pali -- quoique plutôt balourd en anglais (et donc en français) -- a été gardée dans cette traduction.
L'expérience directe du disciple étant libérée de cette souilure-ci ou de cette souillure-là devient pour lui un test à vif de son ancienne confiance dans le Bouddha, Dhamma et Sangha toujours imparfaitement démontrée. Cette confiance devient désormais une ferme conviction, une confiance inébranlable, basées sur l'expérience. [Retour]
6. "confiance sans faille" (aveccappasada). Comm..: "confiance inébranlable et immuable." On n'atteint pas une confiance de cette nature avant l'entrée dans le courant parce que ce n'est qu'à ce stade que le lien du doute sceptique (vicikiccha-samyojana) est finalement éliminé. La confiance sans faille dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha sont trois de quatre qualités caractéristiques d'un vainqueur du courant (sotapaññassa angani); la quatrième est la moralité non-rompue, qu'on peut prendre pour implicite dans la Sec. 9 de notre discours qui renvoie à l'abandon des souillures. [Retour]
7. "Lorsque il a laissé tomber...(les souillures) en partie" (yatodhi): qui est, dans la mesure où les souillures respectives sont éliminées par les sentiers de la sainteté (voir Note 4). Odhi: limite, limitation. yatodhi = yato odhi; autre lecture: yathodhi = yatha-odhi.
Bhikkhu Ñanamoli traduit ce paragraphe comme suit: "Et quelle que soit celle (parmi ces imperfections), selon la limitation (établie par n'importe laquelle des trois premières voies qu'il a atteint), qu'il a laissé tomber, elle a été (pour toujours) rejetée, il en a lâché prise, il l'a abandonnée, quittée. "
Dans le Vibhanga de l' Abhidhamma Pitaka, on lit dans le chapitre Jhana-vibhanga: "Il est bhikkhu parce qu'il a abandonné les souillures de façon limitée; ou parce qu'il a abandonné les souillures sans limitation" (odhiso kilesanam pahana bhikkhu; anodhiso kilesanam pahana bhikkhu). [Retour]
8. "Il en tire de l'enthousiasme pour le mais, en tire de l'enthousiasme pour le Dhamma" (labhati atthavedam labhati dhammavedam).
Comm..: "Lorsque qu'on révise (paccavekkhato)* l'abandon des souillures ainsi que sa confiance sans faille, une forte joie surgit dans le non-retournant quand il se dit: 'J'ai désormais abandonné telle et telle souillures.' C'est comme la joie d'un roi qui apprend qu'une rébellion dans une région frontalière a été matée."
*["Réviser" (paccavekkhana) est un terme de commentaire, mais il est dérivé, à part l'expérience méditative réelle, de l'examen attentif des passages de sutta passages du genre de celui-ci. "Réviser" peut se produire immédiatement après l'obtention des jhanas ou des sentiers et fruits (par ex., la dernière phrase de la Sec. 14), ou comme une révision des souillures abandonnées (comme dans la Sec. 10) ou ceux qui restent. Voir Visuddhimagga, trad.. par Ñanamoli, p. 789.]
Enthousiasme (veda). Selon le Comm.., le mot veda se présente dans les textes pâli avec trois connotations: 1. Ecriture (védique) (gantha), 2. la joie (somanassa), 3. la connaissance (ñana). "Ici il signifie la joie et la connaissance en rapport avec cette joie."
Attha (ici rendu par "but") et dhamma sont une paire de termes qui a lieu fréquemment et qui sont évidemment voulus se compléter mutuellement. Ils signifient souvent 'lettre' (dhamma) et 'esprit' (ou 'sens': attha) de la doctrine; mais cela correspond peu ici. Ces deux termes apparraissent aussi dans les quatre sortes de connaissance analytique (patisambhida-ñana; ou connaissance de la discrimination doctrinale). Attha-patisambhida est expliqué comme étant la connaissance discriminante du "résultat d'une cause"; cependant que dhamma-patisambhida a à faire avec la cause ou condition.
Le Comm.. s'applique maintenant la même interprétation à notre présent passage textuel, en disant: "Attha-veda est l'enthousiasme qui a surgi en celui qui révise sa confiance sans faille; dhamma-veda est l'enthousiasme qui a surgi en celui qui révise 'l'abandon des souillures en partie,' ce qui est la cause de cette confiance sans faille..." C'est pourquoi les deux termes se réfèrent à "la joie qui a pour objet une confiance sans faille dans le Bouddha, et ainsi de suite; et la joie inhérente à la connaissance (de l'abandon; somanassa-maya ñana)."
Notre version pour attha (Skt.:artha) b; "but" est soutenue par le Comm..: "La confiance sans faille s'appelle attha parce que il faut l'atteindre (araniyato), c-à-d., l'approcher (upagantabbato)," au sens d'un but limité, ou d'une bénédiction résultante.
Cf. Ang 5:10: tasmim dhamme attha-patisamvedi ca hoti dhammapatisamvedi ca; tassa atthapatisamvedino dhammapatisamvedino pamojjam jayati... Ce texte continue, comme le fait notre présent discours, avec la naissance de la joie (ou ravissement; piti) de la joie (pamojja). Attha et dhamma renvoient ici au sens et au texte de la parole du Bouddha. [Retour]
9. Les équivalents pâli pour cette série de termes* sont: 1. pamojja (joie), 2. piti (joie ou ravissement), 3. passaddhi (tranquillité), 4. sukha (bonheur), 5. samadhi (concentration). Les nos. 2, 3, 5 sont des facteurs d'éveil (bojjhanga). La fonction de tranquillité est ici de calmer toute légère agitation physique et mentale résultant de la joie ravie, transformant ainsi cette dernière en bonheur serein suivi par l'absorption méditative. Ce passage revenant fréquemment illustre l'importance que les enseignements du Bouddha donnent au bonheur comme condition nécessaire pour l'obtention de la concentration et du progrès spirituel en général.
* [Ici on donne les formes nominales, alors que l'original donne, dans certains cas, les formes verbales.] [Retour]
10. "De telle vertu, de telle concentration, de telle sagesse" (evam-silo evam-dhammo evam-pañño). Comm..: "Ceci se réfère aux (trois) parties (du Noble Octuple Sentier), c'est-à-dire, la vertu, la concentration et la sagesse (sila-, samadhi-, pañña-kkhandha), associées (ici) avec le sentier du non-retour." Le Comm.. se contente de renvoyer dhammo à la catégorie-sentier de la concentration (samadhi-kkhandha). Le Sub.Comm.. cite un passage parallèle "evam-dhamma ti Bhagavanto ahesum," qu'on trouve dans le Mahapadana Sutta (Digha 14), l'Acchariya-abbhutadhamma Sutta (Majjh. 123), et le Nalanda Sutta du Satipatthana Samyutta. Le Comm. du Digha. explique samadhi-pakkha-dhamma en tant qu' "états mentaux qui appartiennent à la concentration." [Retour]
11. "Pas d'obstacle," c-à-d., pour l'obtention de la voie et du fruit (de l'arahanteté), dit le Comm.. Pour un non-retournant qui a éliminé la chaîne du désir des sens, il y n'y a pas d'attachement aux nourritures goûteuses. [Retour]
12. "Avec un esprit de bonté aimante" (metta-sahagatena cetasa). Ceci, et ce qui suit, fait référence aux quatre Demeures divines (brahma-vihara). Pour celles-ci, voir Wheel nos. 6 et 7. [Retour]
13. "Il comprend ce qui existe, ce qui est bas, ce qui est excellent" (ainsi'atthi idam atthi hinam atthi panitam...' pajanati).
Comm..: "Ayant fait voir la méditation du non-retournant sur les Demeures divines, le Béni du Ciel montre maintenant sa pratique de la pénétration (vipassana), dirigée vers l'arahanteté; et il indique qu'il l'a obtenue par les mots: 'Il comprend ce qui existe,' etc. Ce non-retournant, étant sorti de la méditation par n'importe laquelle des quatre Demeures divines, définit comme 'l'esprit' (nama) ces états mêmes des Demeures divines et des facteurs mentaux qui leur sont associés. Il définit ensuite comme 'matière' (rupa) la base de coeur (hadaya-vatthu) étant le soutien physique (de l'esprit) et les quatre éléments qui, de leur côté, sont le soutien de la base du coeur. De cette manière il définit comme 'matière' les éléments et les phénomènes corporels qui en dérivent (bhutupadayadhamma). Lorsqu'il définit 'l'esprit et matière' dans cette manière, 'il comprend ce qui existe' (atthi idan'ti; litt. 'Il y a ceci'). Par là a été donnée une définition de la vérité de la souffrance."
"Puis, en comprenant l'origine de cette souffrance, il comprend 'ce qui est bas.' Par là a été définie la vérité de l'origine de la souffrance. De plus, en examinant les moyens de l'abandonner, il comprend 'ce qui est excellent. Par là a été définie la vérité de la voie." [Retour]
14. "... et quel moyen il y a d'échapper à (tout) ce champ de perception" (atthi uttari imassa saññaga-tassa nissaranam). Comm..: "Il sait: 'Il y a le Nibbana en tant que moyen d'échapper à cette perception des Demeures divines que j'ai atteinte.' Par là a été définie la vérité de la cessation." [Retour]
15. Comm..: "Lorsque, par la sagesse de pénétration (vipassana), il connait ainsi les Quatre Noble Vérités de ces quatre manières (c-à-d., 'ce qui existe,' etc.); et lorsqu'il les voit ainsi par la sagesse de la voie (magga-pañña). [Retour]
16. Kamasava bhavasava avijjasava. La mention de la libération des chancres (asava) indique l'obtention par le moine de l'arahanteté ce qui est aussi appelé "épuisement des chancres" (asavakkhaya). [Retour]
17. "Baigné du bain intérieur" (sinato antarena sinanena). Selon le Comm.., le Bouddha se servait de cette phrase pour susciter l'attention du brahmane Sundarika Bharadvaja, qui se trouvait dans l'assemblée et qui croyait dans la purification par bain rituel. Le Bouddha prévoyait que s'il devait parler en bien de la "purification par le bain," le brahmane serait inspiré de prendre l'ordination sous lui et finalement atteindre à l'arahanteté. [Retour]
18. Bharadvaja était le nom de clan du brahmane. Sundarika était le nom de la rivière à laquelle ce brahmane attribuait un pouvoir de purification. Voir aussi le Sundarika-Bharadvaja Sutta dans le Sutta Nipata. [Retour]
19. Basé sur la version de Bhikkhu Ñanamoli, avec quelques altérations. [Retour]
20. Trois d'entre eux sont des gués; les quatre autres sont des rivières. [Retour]
21. Le texte dit Phaggu ce qui est un jour de purification brahmanique dans le mois de Phagguna (février-mars). Ñanamoli le traduit par une "Fête de Printemps." [Retour]
22. Uposatha. [Retour]
23. "C'est ici, ô brahmane, qu'il vous faut vous baigner." Comm..: c-à-d., dans la dispensation du Bouddha, dans les eaux du Noble Octuple Sentier.
Dans les Psaumes des Soeurs (Therigatha), la nonne Punnika s'adresse à un brahmane comme suit:
Non mais, qui donc, ignorant parmi les ignorants,
T'a dit ceci: que le baptême de l'eau
De mauvais kamma peut te donner liberté?
En ce cas les poissons et les tortues,
Les grenouilles, le serpent d'eau, les crocodiles
Et tout ce qui peuple l'eau tout droit au ciel
Irait. Oui, tous ceux qui se créent un mauvais kamma --
Bouchers de moutons et de porcs, pêcheurs, chasseurs de gibier,
Voleurs, meurtriers -- ainsi n'ont-ils qu'à s'éclabousser
Avec de l'eau, pour être de mauvais kamma libres!-- D'après la trad. de C. A. F. Rhys Davids, dans Early Buddhist Poetry, ed. I. B. Horner Publ. par Ananda Semage, Colombo 11
[Retour]