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"D'où cela sort-il,
querelles, disputes,
lamentations, chagrins, de même qu'égoïsme,
fatuité et orgueil, de même que discorde?
D'où tout cela sort-il?
Dites-le moi, je vous prie.""C'est de ce qui nous est cher
que sont sorties
querelles, disputes,
lamentations, chagrins, de même qu'égoïsme,
fatuité et orgueil, de même que discorde.
Liées à l'égoïsme
sont querelles et disputes.
C'est quand viennent les disputes
que vient la discorde.""Où est la cause
des choses chères en ce monde,
de même que l'avidité qui s'y promène?
Et où donc est la cause
des espoirs et accomplissements
en vue de la vie prochaine d'une personne?""Les désirs sont la cause
des choses chères en ce monde,
de même que l'avidité qui s'y promène.
Et ils sont aussi la cause
des espoirs et accomplissements
en vue de la vie prochaine d'une personne.""Or donc, où est la cause
du désir dans le monde?
Et d'où sortent donc
décisions, colère, mensonges et perplexité,
et toutes les qualités
décrites par le Contemplatif?""Ce qu'on appelle
'attirant' et
'repoussant'
dans le monde:
c'est à partir de cela que
le désir survient.
Ayant vu devenir et non-devenir
par rapport aux formes,
une personne donne lieu à des décisions dans le monde;
colère, mensonges, et perplexité:
ces qualités aussi, quand cette paire existe.
Une personne perplexe
doit s'entraîner pour la voie de la connaissance,
car c'est pour l'avoir su
que le Contemplatif a parlé
de qualités/dhammas."[1]"Où est la cause
de ce qui est attirant et pas?
Lorsque quoi n'est pas
n'existent-ils pas?
Et quoi que ce soit qu'on entend
par devenir et non-devenir :
dites-moi,
Où est sa cause?""Le contact est la cause
de ce qui est attirant et pas.
Lorsqu'il n'y a pas contact
ils n'existent pas.
Et quoi que ce soit qu'on entend
par devenir et non-devenir :
ceci aussi est sa cause.""Or donc, où est la cause
du contact dans le monde,
et d'où sont les saisies,
les possessions, sorties?
Quand quoi n'est pas
est-ce que la mienne-té n'existe pas.
Quand quoi a disparu
est-ce que les contacts ne touchent pas?""Conditionné par le nom-et-forme
est le contact.
C'est dans l'envie que les saisies,
les possessions ont leur cause.
Lorsqu'il n'y a pas d'envies
la mienne-té n'existe pas.
Quand les formes ont disparu
les contacts ne touchent pas.""Pour qui arrive à quoi
est-ce que la forme disparaît?
Comment plaisir et douleur disparaîssent-ils?
Dites-le moi.
Mon coeur est prêt
à savoir comment
ils disparaîssent.""Quelqu'un qui n'est pas percepteur des perceptions
pas percepteur des perceptions aberrantes,
pas impercepteur,
ni percepteur de ce qui a disparu:[2]
pour qui arrive à ceci,
la forme disparaît --
car les complications-classifications[3]
ont leur cause dans la perception.""Ce que nous avons demandé, vous nous l'avez dit.
Nous demandons encore une chose.
Nous vous en prions, dites-le nous.
Est-ce que certains des sages
disent que juste ceci est le summum,
la pureté de l'esprit[4] est ici?
Ou disent-ils
que c'est autre que ceci?""Certains des sages
disent que juste ceci est le summum,
la pureté de l'esprit est ici.
Mais certains d'entre eux,
qui disent être compétents,
disent que c'est le moment
où aucun attachement ne demeure.Connaissant,
'Ayant connu, ils sont toujours dépendants,'[5]
le sage, pondère les dépendances.
Les connaissant, libéré,
il ne se laisse pas entraîner à des disputes,
ne rencontre pas le devenir et le non-devenir :
il est éclairé."
1. Ainsi que l'indiquent d'autres passages dans ce poème (voir note 5, ci-dessous), le but n'est pas mesuré en fonction de la connaissance, mais comme le fait remarquer ce passage, la connaissance est une partie nécessaire de la voie vers le but. [Retour]
2. Selon Nd.I, ce passage décrit les quatre jhanas sans forme, mais comme les trois premiers de ces jhanas sans forme font intervenir la perception (de l'espace infini, de la conscience infinie, et de la vacuité), seul le quatrième des jhanas sans forme -- la sphère de ni perception ni non-perception -- correspondrait à cette description. [Retour]
3. Complication-classifications (papañca-sankha): La tendence de l'esprit à lire des distinctions et des différenciations même dans la simplissime expérience du présent, donnant ainsi lieu à des vues qui peuvent se terminer en conflit. Comme le souligne le Sn IV.14, la racine de ces classifications est la perception, "Je suis le penseur." Pour une plus ample discussion de ce point, voir note 1 à ce discours et l'introduction à MN 18. [Retour]
4. "Esprit" est la rendition usuelle du mot pâli, yakkha. Selon Nd.I, cependant, dans ce contexte le mot yakkha signifie personne, être humain individuel, ou être vivant. [Retour]
5. Autrement dit, le sage sait que les deux groupes de la stance précédente retombent sur leur connaissance en tant que mesure de l'objectif, sans comprendre la dépendance toujours latente dans leur connaissance. Les sages dans le premier groupe confondent l'expérience de ni perception ni non-perception avec l'objectif, et sont donc toujours dépendants de cet état de concentration. Les sages dans le second groupe, du fait qu'ils prétendent être compétents, montrent qu'il demeure un orgueil latent dans their expérience apparentée à l'éveil, et que celle-ci n'est dont pas totalement indépendante d'attachement. (Pour plus d'élements sur ce point, voir MN 102, cité dans The Mind Like Fire Unbound, pp. 81-82.) Les deux groupes maintiennent toujours le concept d'un "esprit" qui est purifié dans la réalisation de la pureté. Une fois que ces dépendances sont comprises, on obtient la libération des disputes et des états de devenir et de non-devenir. C'est de cette manière que la connaissance est un moyen vers l'objectif, mais l'objectif lui-même ne se mesure ni ne se définit en termes de connaissance. [Retour]