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 Digha Nikaya 11

Kevatta (Kevaddha) Sutta

Pour Kevatta

D'après la traduction du Pâli à l'Anglais par Thanissaro Bhikkhu.
Pour libre distribution. Cet ouvrage peut être republié, reformaté, réimprimé et redistribué par n'importe quel média. L'auteur désire cependant que toute ces republications et redistributions soient mises à disposition du public librement et sans restriction aucune, et que les traductions et autres travaux dérivés soient clairement identifiés comme tels.

A une occasion, j'ai entendu que le Béni du Ciel demeurait à Nalanda, dans le bosquet de manguiers de Pavarika. Alors, Kevatta, le maître de maison, s'approcha du Béni du Ciel et, à son arrivée, s'étant incliné, il s'assit sur un côté. Comme il s'asseyait, alors il dit au Béni du Ciel: "Vénérable Monsieur, cette [ville de] Nalanda est puissante, prospère autant que très peuplée, et pleine de gens qui ont foi en le Béni du Ciel. Il serait bon que le Béni du Ciel demande à un moine de faire la démonstration d'un miracle des pouvoirs psychiques à partir de l'état humain supérieur afin que Nalanda ait encore plus foi en le Béni du Ciel.

Lorsque ceci eût été dit, le Béni du Ciel dit à Kevatta, le maître de maison: "Kevatta, ce n'est pas ainsi que j'enseigne aux moines: 'Allez, moines, faites la démonstration de vos pouvoirs psychiques aux laïcs vêtus de blanc'."

Une seconde fois ... Une troisième fois, Kevatta, le maître de maison, dit au Béni du Ciel: "Je ne voudrais pas me disputer avec le Béni du Ciel, mais je vous le dis: Vénérable Monsieur, cette [ville de] Nalanda est puissante, prospère autant que très peuplée, et pleine de gens qui ont foi en le Béni du Ciel. Il serait bon que le Béni du Ciel demande à un moine de faire la démonstration d'un miracle des pouvoirs psychiques à partir de l'état humain supérieur afin que Nalanda ait encore plus foi en le Béni du Ciel.

Une troisième fois, le Béni du Ciel répondit à Kevatta, le maître de maison: "Kevatta, ce n'est pas ainsi que j'enseigne aux moines: 'Allez, moines, faites la démonstration de vos pouvoirs psychiques aux laïcs vêtus de blanc'."

"Kevatta, il y a ces trois miracles que j'ai déclarés, les ayant moi-même directement connus et réalisés. Quels sont ces trois? Le miracle des pouvoirs psychiques, le miracle de la télépathie, et le miracle de l'instruction.

(Le miracle des Pouvoirs psychiques)

"Et quel est le miracle des pouvoirs psychiques? Prenons le cas où un moine manie de nombreux pouvoirs psychiques. Ayant été un, il devient plusieurs; ayant été plusieurs, il redevient un. Il apparaît. Il disparaît. Il passe sans entraves à travers les murs, les remparts et les montagnes comme si c'était à travers l'espace. Il plonge dans, et ressort de, la terre comme si c'était de l'eau. Il marche sur l'eau sans sombrer comme s'il s'agissait de terre ferme. Assis jambes croisées, il vole dans l'air comme un oiseau ailé. De sa main, il touche et caresse même le soleil et la lune, si forts et puissants. Il exerce l'influence de son corps jusqu'aux mondes de Brahma.

"Alors, quelqu'un qui a foi et conviction en lui le voit en train de manier de nombreux pouvoirs psychiques... exerçant l'influence de son corps jusqu'aux mondes de Brahma. Il rapporte cela à quelqu'un qui n'a ni foi ni conviction, lui disant, 'N'est-ce pas impressionnant? N'est-ce pas étonnant? Qu'il est grand le pouvoir, qu'elle est grande la prouesse de ce contemplatif! A l'instant, je l'ai vu manier de nombreux pouvoirs psychiques... exerçant l'influence de son corps jusqu'aux mondes de Brahma.'

"Alors la personne sans foi ni conviction dirait à la personne de foi et de conviction: 'Monsieur, il existe un enchantement appelé Enchantement Gandhari, par lequel le moine a manié de nombreux pouvoirs psychiques... exerçant l'influence de son corps jusqu'aux mondes de Brahma.' Qu'en penserais-tu, Kevatta -- n'est-ce pas là ce que cette homme sans foi ni conviction dirait à cette homme de foi et de conviction?

-- Oui, Vénérable Monsieur, c'est bien là ce qu'elle dirait.

-- Quand je vois cet inconvénient du miracle des pouvoirs psychiques, Kevatta, je me sens horrifié, humilié, et dégoûté par le miracle des pouvoirs psychiques."

(Le miracle de la Télépathie)

"Et quel est le miracle de la télépathie? Prenons le cas où un moine lit dans les esprits, les événements mentaux, les pensées, les réflexions des autres êtres, des autres individus, [disant] 'Voilà ce que tu penses, voici ce que tu penses, tel est ton esprit.'

"Alors, quelqu'un qui a foi et conviction en lui le voit en train de lire les esprits ... des autres êtres ... Il rapporte ceci à quelqu'un qui n'a ni foi ni conviction, lui disant, 'N'est-ce pas impressionnant? N'est-ce pas étonnant? Qu'il est grand le pouvoir, qu'elle est grande la prouesse de ce contemplatif! A l'instant, je l'ai vu lire les esprits... d'autres êtres...'

"Alors la personne sans foi ni conviction dirait à la personne de foi et de conviction: 'Monsieur, il existe un enchantement appelé Enchantement Manika, par lequel le moine a lu dans les esprits... d'autres êtres...' Qu'en penserais-tu, Kevatta -- n'est-ce pas là ce que cette homme sans foi ni conviction dirait à cette homme de foi et de conviction?

-- Oui, Vénérable Monsieur, c'est bien là ce qu'elle dirait.

-- Quand je vois cet inconvénient du miracle de la télépathie, Kevatta, je me sens horrifié, humilié, et dégoûté par le miracle de la télépathie."

(Le miracle de l'Instruction)

"Et quel est le miracle de l'instruction? Prenons le cas où un moine dispense ses instructions comme suit: 'Dirige tes pensées comme ceci, ne les dirige pas comme cela. Occupe-toi des choses ainsi, ne t'en occupe pas comme cela. Laisse tomber ceci, entre et demeure en cela.' Ceci, Kevatta est appelé le miracle de l'instruction.

"Qui plus est, prenons le cas où un Tathagata apparaît en ce monde, valeureux et de bon droit éveillé par lui-même. Il enseigne le Dhamma admirable en son début, admirable en son milieu et admirable en sa fin. Il proclame la sainte vie autant dans ses détails qu'en son essence, entièrement parfaite, suprêmement pure.

"Un maître de maison, ou le fils d'un maître de maison, à entendre le Dhamma, gagne une conviction dans le Tathagata et se dit: 'La vie de maison est une voie réduite et poussiéreuse. La vie quand on en sort est comme le grand air. Il n'est pas facile en vivant chez soi de pratiquer la sainte vie de façon totalement parfaite, totalement pure, comme un coquillage poli. Et si je me rasais la tête et la barbe, que je revêtais les robes ocre, et que je quittais la vie de maison pour [l'errance] sans domicile?'

"Donc, quelque temps après, le voilà qui abandonne ses monceaux de richesses, grandes ou petites; qui quitte le cercle de sa parenté, grand ou petit; rase ses cheveux et sa barbe, revêt les robes ocre, et quitte la vie de famille pour [l'errance] sans domicile.

"Lorsqu'il est ainsi parti, il vit contraint par les règles du code monastique, voyant le danger de ses fautes les plus vénielles. Achevé dans sa vertu, il garde la porte de ses sens, est pénétré d'attention et de vigilance, et il est content."

(La petite leçon sur la Vertu)

"Et comment un moine est-il achevé en vertu? Abandonnant le fait de prendre la vie, il s'abstient de prendre la vie. Il demeure à bâton posé, à couteau posé, scrupuleux, miséricordieux, compatissant pour le bien de tous les êtres vivants. Cela fait partie de sa vertu.

"Abandonnant le fait de prendre ce qui n'est pas donné, il s'abstient de prendre ce qui n'est pas donné. Il ne prend que ce qui lui est donné, n'accepte que ce qui lui est donné, ne vie pas par la ruse, mais grâce à un soi qui est devenu pur. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Abandonnant le non-célibat, il vit en célibataire, à l'écart, évitant l'acte sexuel qui est la façon du villageois. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Abandonnant la parole fausse, il s'abstient de la parole fausse. Il dit la vérité, s'en tient à la vérité, est ferme, fiable, n'est pas un trompeur du monde. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Abandonnant les discours qui sèment la discorde, il s'abstient de semer la discorde. Ce qu'il a entendu ici, il ne le répète pas là pour séparer ces gens-ci de ces gens-là. Ce qu'il a entendu là, il ne le répète pas ici pour séparer ces gens-là de ces gens-ci. Réconciliant ainsi ceux qui se sont séparés, ou cimentant ceux qui sont unis, il aime la concorde, se complaît dans la concorde, dit des choses qui créent la concorde. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Abandonnant les discours d'injures, il s'abstient d'injurier. Il dit des mots qui sont doux à l'oreille, qui sont affectueux, qui vont droit au coeur, qui sont polis, avenants et agréables aux gens en général. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Abandonnant le bavardage oiseux, il s'abstient de bavarder de façon oiseuse. Il parle au bon moment, dit ce qui est factuel, ce qui est en accord avec le but, le Dhamma, et le Vinaya. Il dit des mots qui méritent qu'on les chérisse, qui sont de saison, raisonnables, circonscrits, en rapport avec le but. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Il s'abstient d'endommager les semences et la vie végétale.

"Il ne mange q'une fois par jour, s'abstenant du repas du soir ainsi que [de consommer] de la nourriture au mauvais moment de la journée.

"Il s'abstient de danser, de chanter, de [faire ou d'écouter de la] musique instrumentale et d'assister aux spectacles.

"Il s'abstient de porter des guirlandes et de s'embellir avec des odeurs et des cosmétiques.

"Il s'abstient d'avoir des lits et des sièges luxueux et confortables.

"Il s'abstient d'accepter de l'or et de l'argent.

"Il s'abstient d'accepter des céréales non cuites... de la viande crue... des femmes et des filles... des esclaves mâles et femelles... des chèvres et des moutons... des volailles et des cochons... des éléphants, du bétail, des destriers et des juments... des champs et des propriétés.

"Il s'abstient de porter des messages... d'acheter et de vendre... de commercer avec de fausses balances, de faux métaux et de faux poids... de la corruption, de la tromperie et de la fraude.

"Il s'abstient de mutiler, d'exécuter, d'emprisonner, du banditisme de grand chemin, du pillage et de la violence.

" Cela aussi fait partie de sa vertu."

(La section intermédiaire sur la Vertu)

"Alors qu'il y a des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, et qui sont habitués à endommager les semences et la vie végétale comme ce qui suit -- les plantes qui se propagent par la racine, par les tiges, par les joins, par les bourgeons et par les semences -- il s'abstient d'endommager des semences et la vie végétale telle qu'en ce qui précède. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Alors qu'il y a des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, et qui sont habitués à consommer des biens accumulés tels que ce qui suit -- nourriture emmagasinée, boissons emmagasinées, vêtements emmagasinés, véhicules remisés, literie remisée, parfums emmagasinés et nourriture emmagasinée -- il s'abstient de consommer des biens emmagasinés tels que ce qui précède. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Alors qu'il y a des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, et qui sont habitués à assister à des spectacles tels que ce qui suit -- danse, chant, musique instrumentale, pièces de théâtre, récitations de ballades, battements des mains, tambours et cymbales, spectacles de lanterne magique, acrobaties et tours de magie, combats d'éléphants, combats de chevaux, combats de buffles, combats de taureaux, combats de boucs, combats de béliers, combats de coqs, combats de cailles; combats au bâton, boxe, lutte, jeux de guerre, jeux de rôles, ordres de bataille et revues de troupes -- il s'abstient d'assister à des spectacles tels que ce qui précède. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Alors qu'il y a des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, et qui sont habitués à jouer à des jeux oiseux et insouciants tels que ce qui suit -- échecs à huit rangs, échecs à dix rangs, échecs en plein air, marelle, billes, dés, jeux de bâtons, cartes, jeux de balle et de ballons, souffler dans des flûtes-jouet, jouer avec des charrues-jouet, saute-mouton, jouer avec des moulins-à-vent-jouets, des mesures-jouet, des chariots-jouet, des arcs-jouet, deviner des lettres dessinées en l'air, deviner les pensées, mimer les difformités -- il s'abstient des jeux oiseux et insouciants tels que ce qui précède. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Alors qu'il y a des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, et qui sont habitués à des meubles luxueux et confortables tels que ce qui suit -- lits surdimensionnés, lits ornés d'animaux sculptés, couvre-lits à poil long, couvre-lits multicolores en patchwork, couvre-lits blancs en laine, couvre-lits en laine brodés de fleurs ou de figures animales, couettes fourrées, couvre-lits à franges, couvre-lits en soie brodée avec des gemmes; grands tapis de laine, tapis d'éléphant, de cheval et de voiture, tapis en peau d'antilope, tapis en peau de daim, lits à rideaux, couches dotées de coussins rouges pour la tête et les pieds -- il s'abstient d'utiliser des meubles luxueux et confortables tels que ce qui précède. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Alors qu'il y a des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, et qui sont habitués aux parfums, aux cosmétiques et aux produits de beauté tels que ce qui suit -- poudre à frotter sur le corps, massages à l'huile, bains d'eau parfumée, pétrissage des membres, se regarder dans des miroirs, onguents, guirlandes, parfums, crèmes, poudres pour le visage, mascara, bracelets, serre-têtes, cannes ornementales, bouteilles à eau décorées, épées, pare-soleil de fantaisie, sandales décorées, turbans, joyaux, chasse-mouches en queue de yak, longues robes blanches à franges -- il s'abstient d'utiliser parfums, cosmétiques et produits de beauté tels que ce qui précède. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Alors qu'il y a des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, et qui sont habitués à discuter de sujets vulgaires tels que ce qui suit -- discuter de rois, de voleurs, de ministres d'état; d'armées, alertes et de batailles; de nourriture et de boisson; de vêtements, d'ameublement, de guirlandes et de parfums; de parents, de véhicules; de villages, de bourgs, de villes, de campagne; de femmes et de héros; des ragots de la rue et du puits; des récits des morts; des récits de la diversité [discussions philosophiques du passé et du futur], de la création du monde et de la mer, et des discussions pour savoir si les choses existent ou pas -- il s'abstient de discuter de sujets vulgaires tels que ce qui précède. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Alors qu'il y a des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, et qui sont habitués aux débats tels que ce qui suit -- 'Comprends-tu cette doctrine et cette discipline? Je suis celui qui comprend cette doctrine et cette discipline. Comment pourrais-tu comprendre cette doctrine et cette discipline? Tu pratiques erronément. Je pratique correctement. Je suis consistant. Tu ne l'es pas. Ce que tu as dit en premier devait être dit en dernier. Ce que tu as dit en dernier devrait être dit en premier. Ce que tu as mis tellement longtemps à cogiter a [déjà] été réfuté. Ta doctrine a été renversée. Tu es défait. Vas-y, essaie de sauver ce qui peut l'être de ta doctrine; sors-toi de là si tu le peux!'-- il s'abstient de débats tels que ce qui précède. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Alors qu'il y a des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, et qui sont habitués à porter des messages et des commissions pour des gens tels que ce qui suit -- rois, ministres d'état, nobles guerriers, prêtres, maîtres de maison, ou jeunes [qui disent], 'Va ici, va là, porte ça là-bas, va chercher ça là' -- il s'abstient de porter des messages et des commissions pour des gens tels que ce qui précède. Cela aussi fait partie de sa vertu.

"Alors qu'il y a des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, et qui intriguent, persuadent, suggèrent, méprisent et recherchent gain sur gain, il s'abstient des [diverses] formes d'intrigue et de persuasion [façons incorrectes de tenter d'obtenir de donateurs un soutien matériel] tels que ce qui précède. Cela aussi fait partie de sa vertu.

(La grande Section sur la Vertu)

"Cependant que des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, s'entretiennent en mauvaise vie grâce à des arts aussi vils que:

Lire les marques sur les membres [par ex., chiromancie];
lire les présages et les signes;
interpréter les événements célestes [étoiles filantes, comètes];
interpréter les rêves;
lire les marques sur le corps [par ex., la phrénologie];
lire les marques sur le tissu rongé par les souris;
offrir des oblations de feu, oblations d'une louche, oblations de vannure, de poudre de riz, de grains de riz, de ghee et d'huile;
offrir des oblations de la bouche;
offrir des sacrifices de sang;
faire des prédictions à partir du bout des doigts;
la géomancie [feng-shui];
coucher des démons dans un cimetière;
placer des sortilèges sur des esprits;
réciter des enchantements de protection des maisons;
charmer les serpents, la science des poisons, des scorpions, des rats, des oiseaux, des corneilles;
prédire l'avenir à partir de visions;
donner des talismans;
interpréter les cris des oiseaux et des animaux --

il s'abstient de mener mauvaise vie, grâce à des métiers aussi vils que ceux-là.

"Cependant que des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, s'entretiennent en mauvaise vie grâce à des arts aussi vils que: déterminer les minéraux, vêtements, bâtons, épées, lances, flèches, arcs et autres armes favorables et défavorables; femmes, garçons, filles, esclaves mâles, esclaves femelles favorables et défavorables; éléphants, chevaux, buffles, vaches, chèvres, béliers, volaille, cailles, lézards, rongeurs à grandes oreilles, tortues, et autres animaux favorables et défavorables -- il s'abstient de mener mauvaise vie, grâce à des métiers aussi vils que ceux-là.

"Cependant que des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, s'entretiennent en mauvaise vie grâce à des arts aussi vils que de prédire:

les dirigeants qui vont partir;
les dirigeants qui vont partir et revenir;
nos dirigeants vont attaquer et les leurs vont battre en retraite;
leurs dirigeants vont attaquer et les nôtres vont battre en retraite;
ce sera un triomphe pour nos dirigeants et une défaite pour les leurs;
ce sera un triomphe pour leurs dirigeants et une défaite pour les nôtres;
de cette manière il y aura triomphe, de cette manière il y aura défaite --

il s'abstient de mener mauvaise vie, grâce à des métiers aussi vils que ceux-là.

"Cependant que des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, s'entretiennent en mauvaise vie grâce à des arts aussi vils que de prédire:

il y aura une éclipse de lune;
il y aura une éclipse de soleil;
il y aura une occultation astrale;
le soleil et la lune poursuivront leur course normale;
le soleil et la lune vont dévier;
les astres poursuivront leur courses normales;
les astres vont dévier;
il y aura une pluie de météores;
le ciel va s'assombrir;
il y aura un tremblement de terre;
il y aura un coup de tonnerre dans un ciel sans nuages;
il y aura un lever, un coucher, un assombrissement, un éclaircissement du soleil, de la lune et des astres;
voilà ce que sera le résultat de l'éclipse de lune... du lever, du coucher, de l'assombrissement, de l'éclaircissement du soleil, de la lune et des astres --

il s'abstient de mener mauvaise vie, grâce à des métiers aussi vils que ceux-là.

"Cependant que des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, s'entretiennent en mauvaise vie grâce à des arts aussi vils que prédire:

il y aura abondantes pluies; il y aura sécheresse;
il y aura abondance; il y aura famine;
il y aura tranquillité et sécurité; il y aura danger;
il y aura épidémie; on sera libre d'épidémies;
ou bien gagnent-ils leur vie en comptant, en faisant de la comptabilité, en calculant, en composant de la poésie, ou en enseignant des arts et des doctrines hédonistes --

il s'abstient de mener mauvaise vie, grâce à des métiers aussi vils que ceux-là.

"Cependant que des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, s'entretiennent en mauvaise vie grâce à des arts aussi vils que:

calculer des dates auspicieuses pour les mariages, les fiançailles, les divorces; pour la collecte des dettes ou pour faire des investissements et des prêts; pour être attirant ou repoussant; pour soigner les femmes qui ont subi des fausses couches ou des avortements;
réciter des enchantements pour lier la langue d'un homme, pour paralyser ses mâchoires, pour lui faire perdre contrôle de ses mains, ou pour lui causer la surdité;
donner des réponses oraculaires aux questions adressées à un miroir, à une jeune fille, ou à un esprit médium;
rendre un culte au soleil, rendre un culte au Grand Brahma, cracher du feu par la bouche, invoquer la déesse de la chance --

il s'abstient de mener mauvaise vie, grâce à des métiers aussi vils que ceux-là.

"Cependant que des prêtres et des contemplatifs, qui vivent de nourriture donnée de bonne foi, s'entretiennent en mauvaise vie grâce à des arts aussi vils que:

promettre des cadeaux aux divinités en échange de leurs faveurs; tenir de pareilles promesses;
la démonologie;
enseigner les enchantements de protection de la maison;
induire la virilité et l'impuissance;
consacrer des sites pour la construction;
donner des bains de bouche cérémoniaux et autres bains de cérémonie;
offrir des feux sacrificiels;
préparer des émétiques, des purgatifs, des expectorants, des diurétiques, des soins pour le mal de tête;
préparer de l'huile d'oreille, des gouttes pour les yeux, de l'huile pour le traitement par le nez, des collyres, et des contre-poisons; soigner la cataracte, pratiquer la chirurgie, pratiquer en tant que pédiatre, administrer des médicaments et des traitements pour soigner leurs effets secondaires --

il s'abstient de mener mauvaise vie, grâce à des métiers aussi vils que ceux-là.

"Un moine aussi achevé en vertu ne voit de danger nulle part grâce à sa sobriété par la vertu. Doté de ce noble agrégat de vertu, il est intérieurement sensible au plaisir d'être impeccable. C'est ainsi qu'un moine est achevé en vertu.

 

(Sobriété des sens)

"Et comment un moine garde-t-il la porte de ses sens? En voyant une forme de ses yeux, il ne saisit aucun thème ou détail par lequel -- s'il devait demeurer sans sobriété sur la faculté de l'oeil -- des qualités mauvaises et maladroites telles que l'avidité ou la détresse pourraient l'assaillir. En entendant un son de ses oreilles... En sentant une odeur de son nez... En goûtant une saveur de sa langue... En touchant u une sensation tactile de son corps... En connaissant une idée avec son intellect, il ne saisit aucun thème ou détail par lequel -- s'il devait demeurer sans sobriété sur la faculté de l'intellect -- des qualités mauvaises et maladroites telles que l'avidité ou la détresse pourraient l'assaillir. Doté de cette noble sobriété sur les facultés des sens, il est intérieurement sensible au plaisir d'être impeccable. C'est ainsi qu'un moine garde la porte de ses sens.

 

(Attention et Vigilance)

"Et comment un moine est-il en possession de l'attention et de la vigilance? Lorsqu'il s'en va et qu'il revient, il agit avec vigilance. Lorsqu'il s'en va et qu'il revient,... lorsqu'il plie et étire ses membres... lorsqu'il transporte son manteau de dessus, sa robe supérieure et son bol... lorsqu'il mange, qu'il boit, qu'il mâche et qu'il goûte... lorsqu'il urine et qu'il défèque... lorsqu'il marche, qu'il se tient debout, qu'il est assis, qu'il s'endort, qu'il s'éveille, qu'il parle et qu'il garde le silence, il agit avec vigilance. C'est ainsi qu'un moine est en possession de l'attention et de la vigilance.

 

(Contentement)

"Et comment un moine est-il content? Comme un oiseau, où qu'il aille, vole avec ses ailes pour tout fardeau; de même il se contente d'un ensemble de robes pour son corps et de nourriture d'aumône pour sa faim. Où qu'il aille, il ne prend avec lui que ses besoins les plus élémentaires. C'est ainsi que se contente un moine.


(Abandon des obstacles)

"Doté de ce noble agrégat de vertu, cette noble modération des facultés des sens, cette noble attention et vigilance, et ce noble contentement, il se cherche un habitat à l'écart: une forêt, l'ombre d'un arbre, une montagne, une vallée, une caverne à flanc de colline, un charnier, un bosquet dans la jungle, le plein air, une meule de foin. Après son repas, en revenant de sa tournée de mendicité, il s'assied, croise ses jambes, maintient son corps droit, et ramène l'attention au premier plan.

"Abandonnant l'envie par rapport au monde, il demeure dans une attention privée d'envie. Il purifie son esprit de l'envie. Abandonnant la mauvaise volonté et la colère, il demeure dans une attention privée de mauvaise volonté, en sympathie avec le bien-être de tous les êtres vivants. Il purifie son esprit de la mauvaise volonté et de la colère. Abandonnant la paresse et l'assoupissement, il demeure dans une attention privée de paresse et d'assoupissement, attentif, vigilant, capable de percevoir la lumière. Il purifie son esprit de la paresse et de l'assoupissement. Abandonnant l'inquiétude et l'anxiété, il demeure impassible, son esprit intérieurement calmé. Il purifie son esprit de l'inquiétude et de l'anxiété. Abandonnant l'incertitude, il demeure ayant dépassé l'incertitude, sans aucune perplexité par rapport aux qualités mentales habiles. Il purifie son esprit de l'incertitude.

"Supposons qu'un homme, empruntant, investisse dans ses affaires commerciales. Ses affaires commerciales réussissent. Il rembourse ses vieilles dettes et il lui en reste pour entretenir sa femme. La pensée lui viendrait: 'Avant, en empruntant, j'ai investi dans mes affaires commerciales. Maintenant, ces affaires commerciales ont réussi. J'ai remboursé mes vieilles dettes et il m'en reste pour entretenir ma femme.' Grâce à cela, il ressentirait de la joie et du bonheur.

"Supposons maintenant qu'un homme tombe malade -- dolent et sérieusement mal en point. Il ne profite pas de ses repas, et il n'a pas de force dans son corps. Avec le temps, il finit par se rétablir de cette maladie. Il profite de ses repas et il y a de la force dans son corps. La pensée lui viendrait: 'Avant, j'étais malade ... Me voici rétabli de cette maladie. Je profite de mes repas et il y a de la force dans mon corps.' Grâce à cela, il ressentirait de la joie et du bonheur.

"Supposons maintenant qu'un homme soit jeté en prison. Avec le temps, il finit par être libéré de cette captivité, sain et sauf, sans perte de propriété. La pensée lui viendrait: 'Avant, j'étais en prison. Me voici libéré de cette captivité, sain et sauf, sans perte de propriété.' Grâce à cela, il ressentirait de la joie et du bonheur.

"Supposons maintenant qu'un homme, sujet à d'autres, non sujet à lui-même, dans l'impossibilité d'aller là où ils voudrait. Avec le temps, il finit par être libéré de cet esclavage, sujet de lui-même, non plus sujet à d'autres, pouvant aller là où il veut. La pensée lui viendrait: 'Avant, j'étais un esclave... Me voici libéré de cet esclavage, sujet de moi-même, non plus sujet à d'autres, libéré, pouvant me rendre là où il me plaît.' Grâce à cela, il en ressentirait de la joie et du bonheur.

"Supposons maintenant qu'un homme, transportant argent et marchandises, voyage par une route traversant un pays désolé. Avec le temps, il finit par ressortir de ce pays désolé, sain et sauf, sans perte de propriété. La pensée lui viendrait: 'Avant, transportant argent et marchandises, je voyageais par une route traversant un pays désolé. Voici que je suis sorti de ce pays désolé, sain et sauf, sans perte de ma propriété.' j'étais Grâce à cela, il en ressentirait de la joie et du bonheur.

"De la même manière, lorsque ces cinq obstacles ne sont pas abandonnés en lui-même, le moine les considère comme une dette, une maladie, une prison, un esclavage, une route traversant un pays désolé. Mais lorsque ces cinq obstacles sont abandonnés en lui-même, il les considère comme une extinction de dettes, la bonne santé, une libération de prison, la liberté, un endroit sûr. Voyant qu'elles ont été abandonnées en lui, il se réjouit. Joyeux, il est ravi. Ravi, son corps se tranquillise. Son corps tranquille, il est sensible au plaisir, ressentant du plaisir, son esprit se concentre.

 

(Les quatre Jhânas)

"Ayant bien renoncé à la sensualité, ayant renoncé aux qualités mentales malhabiles, il entre et demeure dans le premier jhâna [scrt. dhyâna] : ravissement et plaisir né du renoncement, accompagné de la pensée dirigée et de l'évaluation. Il imprègne et pénètre, inonde et remplit ce corps-même du ravissement et plaisir nés du renoncement. Tout comme si un habile baigneur ou apprenti-baigneur jetait de la poudre de bain dans un bassin de cuivre et la pétrissait ensemble, l'aspergeant encore et encore avec de l'eau, de sorte que sa boule de poudre de bain -- saturée, humidifiée, imprégnée dedans et dehors -- ne dégoutte pourtant pas; de même, le moine imprègne... ce corps-même du ravissement et plaisir nés du renoncement. Il n'y a rien dans tout son corps qui ne soit compénétré du ravissement et du plaisir nés du renoncement.

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

"Qui plus est, avec la tranquillisation de la pensée dirigée et de l'évaluation, il entre et demeure dans le second jhâna: ravissement et plaisir nés du sang-froid, de l'assurance de l'attention libérée de la pensée dirigée et de l'évaluation -- assurance intérieure. Il imprègne et pénètre, inonde et remplit ce corps-du ravissement et du plaisir nés du sang-froid. Tout comme un lac qui se remplit de l'intérieur par une source, n'ayant aucun affluent ni de l'est, ni de l'ouest, ni du nord, ni du sud, et avec des cieux qui lui fournissent d'abondantes pluies encore en encore, de même que la fraîche fontaine d'eau qui surgit de l'intérieur du lac l'imprègnerait et le remplirait, l'inonderait et le remplirait d'eaux fraîches, n'y étant aucune partie du lac qui ne soit compénétré des eaux fraîches; de même, le moine imprègne... ce corps-du ravissement et du plaisir nés du sang-froid. Il n'y a rien dans tout son corps qui ne soit compénétré du ravissement et du plaisir nés du sang-froid.

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

"Et qui plus est, avec l'affaiblissement du ravissement, il demeure dans l'équanimité, attentif, et pleinement conscient, et physiquement sensible au plaisir. Il entre et demeure dans le troisième jhâna, dont les Nobles Personnes déclarent: 'Equanime et attentif, il y demeure agréablement.' Il imprègne et pénètre, inonde et remplit ce corps-même du plaisir tiré du ravissement. Tout comme dans un étang de lotus, certains des lotus, nés et poussant dans l'eau, restent immergés dans l'eau et fleurissent sans sortir de l'eau, de telle sorte qu'ils sont imprégnés et compénétrés, inondés et remplis d'eau fraîche de leurs racines à leurs extrémités, et que rien dans ces lotus ne pourrait ne pas être compénétrés d'eau fraîche; de même, le moine imprègne... ce corps-même du plaisir tiré du ravissement. Il n'y a rien dans tout son corps qui ne soit compénétré du plaisir tiré du ravissement

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

"Et qui plus est, avec le renoncement au plaisir et au stress -- tout comme avec la précédente disparition de l'exaltation et de la détresse -- il entre et demeure dans le quatrième jhâna: pureté de l'équanimité et de l'attention, ni-plaisir ni stress. Il s'assied, imprégnant son corps d'une conscience pure et lumineuse. Tout comme si un homme était assis couvert de la tête aux pieds de tissu blanc de telle sorte qu'il n'y aurait pas une seule partie de son corps sur laquelle le tissu blanc ne s'étendrait pas; même alors, le moine s'assied, imprègne son corps d'une conscience pure et lumineuse. Il n'y a rien dans tout son corps qui ne soit compénétré de pure et lumineuse attention.

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

 

(Connaissance intuitive)

"Avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité, il le dirige et l'incline vers la connaissance et la vision. Il discerne: 'Ce corps qui est mien est doté de forme, composé des quatre éléments primaires, né de mère et de père, nourri de riz et de gruau, sujet à l'inconstance, à la friction, à la pression, à la dissolution, et à la dispersion. Et cette conscience qui est mienne est supportée ici et liée là-haut.' Comme s'il s'agissait d'une superbe gemme de béryl de la plus pure eau -- à huit facettes, bien polie, claire, limpide, achevée en tous ses aspects, et que passant en son milieu, il y avait un fil bleu, jaune, rouge, blanc ou brun -- et qu'un homme doué d'une bonne vue, le prenant dans sa main, y réfléchissait en ces termes: 'Voici une superbe gemme de béryl de la plus pure eau -- à huit facettes, bien polie, claire, limpide, achevée en tous ses aspects. Et ceci, qui passe en son milieu, est un fil bleu, jaune, rouge, blanc ou brun.' De la même manière -- avec l'esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité -- le moine le dirige et l'incline vers la connaissance et la vision. Il discerne: 'Ce corps qui est mien est doté de forme, composé des quatre éléments primaires, né de mère et de père, nourri de riz et de gruau, sujet à l'inconstance, à la friction, à la pression, à la dissolution, et à la dispersion. Et cette conscience qui est mienne est supportée ici et liée là-haut.'

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

 

(Le corps fait par l'esprit)

"Avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité, il le dirige et l'incline vers la création d'un corps fait d'esprit. A partir de ce corps, il crée un autre corps, doté de forme, fait d'esprit, complet en toutes ses parties, non inférieur en ses facultés. Tout comme un homme qui devrait retirer un roseau de son enveloppe. La pensée lui viendrait: 'Ceci est l'enveloppe, ceci est le roseau. L'enveloppe est une chose, le roseau en est une autre, mais le roseau a été tiré de l'enveloppe. ' Ou comme si un homme devait tirer une épée de son fourreau. La pensée lui viendrait: 'Ceci est l'épée, ceci est le fourreau. L'épée est une chose, le fourreau en est une autre, mais l'épée a été tirée du fourreau.' Ou comme si un homme devait tirer un serpent de sa mue. La pensée lui viendrait: 'Ceci est le serpent, ceci est sa mue. Le serpent est une chose, la mue en est une autre, mais le serpent a été tiré de la mue?' De la même manière -- avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité, il le dirige et l'incline vers la création d'un corps fait d'esprit. A partir de ce corps, il crée un autre corps, doté de forme, fait d'esprit, complet en toutes ses parties, non inférieur en ses facultés.

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

 

(Pouvoirs supranormaux)

" "Avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité, il le dirige et l'incline vers les modes des pouvoirs supranormaux. Il manie de nombreux pouvoirs psychiques. Ayant été un, il devient plusieurs; ayant été plusieurs, il redevient un. Il apparaît. Il disparaît. Il passe sans entraves à travers les murs, les remparts et les montagnes comme si c'était à travers l'espace. Il plonge dans la terre, et en ressort comme si c'était de l'eau. Il marche sur l'eau sans sombrer comme s'il s'agissait de terre ferme. Assis jambes croisées, il vole en l'air comme un oiseau ailé. De sa main, il touche et caresse même le soleil et la lune, si forts et puissants. Il exerce l'influence de son corps jusqu'aux mondes de Brahma. De même qu'un potier habile ou son assistant pourrait fabriquer avec de l'argile bien préparée n'importe quelle sorte de récipient en poterie à sa guise, ou qu'un tabletier habile ou son assistant pourrait fabriquer avec de l'ivoire bien préparé n'importe quelle sorte de travail sur ivoire à sa guise, ou qu'un orfèvre habile ou son assistant pourraient fabriquer avec de l'or bien préparé n'importe quelle sorte d'article en or à sa guise; de la même manière -- avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité, il le dirige et l'incline vers les modes des pouvoirs supranormaux... Il exerce l'influence de son corps jusqu'aux mondes de Brahma.

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

 

(Clairaudience)

"Avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité, il le dirige et l'incline vers le divin élément auditif. Il entend -- grâce au divin élément auditif purifié et surpassant l'humain -- les deux sortes de sons, divins et humains, de loin ou de près. De même que si un homme voyageant au long d'une grand-route devait entendre le son de timbales, de petits tambours, de conques, de cymbales, et de tam-tams. Il saurait que: 'C'est là le son des timbales, c'est là le son de petits tambours, c'est là le son de conques, c'est là le son de cymbales, et c'est là le son de tam-tams.' De même -- avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité -- le moine le dirige et l'incline vers le divin élément auditif. Il entend -- grâce au divin élément auditif purifié et surpassant l'humain -- les deux sortes de sons, divins et humains, de loin ou de près.

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

 

(Lire dans les esprits)

"Avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité, il le dirige et l'incline vers la connaissance de la conscience d'autres êtres. Il connaît la conscience d'autres êtres, d'autres individus, l'ayant englobé de sa propre conscience. Il discerne un esprit passionné comme étant un esprit passionné, et un esprit sans passions comme étant un esprit sans passions. Il discerne un esprit qui a de l'aversion comme étant un esprit qui a de l'aversion et un esprit sans aversion comme étant un esprit sans aversion. Il discerne un esprit qui a des illusions comme étant un esprit qui a des illusions et un esprit sans illusions comme étant un esprit sans illusions. Il discerne un esprit rigoureux comme étant un esprit rigoureux et un esprit dispersé comme étant un esprit dispersé. Il discerne un esprit large comme étant un esprit large et un esprit étroit comme étant un esprit étroit. Il discerne un esprit surpassé [un esprit qui n'est pas au niveau le plus excellent] comme étant un esprit surpassé et un esprit insurpassé comme étant un esprit insurpassé. Il discerne un esprit libéré comme étant un esprit libéré et un esprit non-libéré comme étant un esprit non-libéré. De même que si une jeune femme -- ou jeune homme -- qui aime les ornements, en examinant le reflet de son propre visage dans un clair miroir, ou un bol d'eau claire, saurait qu'il y a 'défaut' s'il était défectueux, ou 'sans défaut', s'il ne l'était pas. De même -- avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité -- le moine le dirige et l'incline vers la connaissance de la conscience d'autres êtres. Il connaît la conscience d'autres êtres, d'autres individus, l'ayant englobé de sa propre conscience. Il discerne un esprit passionné comme étant un esprit passionné, et un esprit sans passions comme étant un esprit sans passions... un esprit libéré et un esprit non-libéré comme étant un esprit non-libéré.

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

 

(Souvenirs des vies passées)

"Avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité, il le dirige et l'incline vers la connaissance de souvenirs de vies passées (litt.: domiciles précédents). Il se rappelle ses multiples vies passées, c-à-d., une naissance, deux naissances, trois naissances, quatre, cinq, dix, vingt, trente, quarante, cinquante, cent, mille, cent mille, plusieurs éons de contraction cosmique, plusieurs éons d'expansion cosmique, plusieurs éons de contraction et d'expansion cosmique, [se rappelant]: 'Là, je portais tel nom, j'appartenais à tel clan, j'avais telle apparence. Telle était ma nourriture, telle était mon expérience du plaisir et de la douleur, telle fut la fin de ma vie. Disparaîssant de cet état-là, j'ai ressurgi ici.' Ainsi se rappelle-t-il ses multiples vies passées dans leurs modes et détails. De même que si un homme devait quitter son village natal pour un autre village, et puis partir de ce village pour un autre encore, et enfin revenir de ce village vers son village natal. La pensée lui viendrait: 'J'ai quitté mon village natal pour ce village là-bas. Là je me suis tenu debout de telle manière, je me suis assis de telle manière, j'ai parlé de telle manière, et j'ai gardé le silence de telle manière. De ce village je suis revenu chez moi.' De même -- avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité -- le moine le dirige et l'incline vers la connaissance de souvenirs de vies passées. Il se rappelle ses multiples vies passées... dans leurs modes et détails.

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

 

(La disparition et la réapparition des êtres)

"Avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité, il le dirige et l'incline vers la connaissance de la disparition et de la réapparition des êtres. Il voit -- au moyen de l'oeil divin, purifié et surpassant l'humain -- les êtres disparaître et réapparaître, et il discerne en quoi ils sont inférieurs et supérieurs, beaux et laids, fortunés et infortunés en accord avec leur karma.' Ces êtres -- qui étaient dotés de mauvaise conduite du corps, du discours, et de l'esprit, qui injuriaient les nobles personnes, avaient des opinions erronées et entreprenaient des actions sous l'influence de ces opinions erronées -- avec la dissolution du corps, après la mort, ont réapparu dans le plan de la privation, la mauvaise destination, les domaines inférieurs, en enfer. Mais ces êtres -- qui étaient dotés de bonne conduite du corps, du discours, et de l'esprit, qui n'injuriaient pas les nobles personnes, avaient des opinions correctes et entreprenaient des actions sous l'influence de ces opinions correctes -- avec la dissolution du corps, après la mort, ont réapparu dans les bonnes destinations, dans le monde céleste.' Ainsi -- au moyen de l'oeil divin, purifié et surpassant l'humain -- il voit disparaître et réapparaître les êtres, et il discerne en quoi ils sont inférieurs et supérieurs, beaux et laids, fortunés et infortunés en accord avec leur karma. De même que s'il y avait un grand immeuble sur la place centrale [d'une ville], et qu'un homme ayant une bonne vue se tenant à son sommet voyait les gens entrer dans une maison, la quitter, marcher dans la rue et s'asseoir sur la place centrale. La pensée lui viendrait: 'Ces gens entrent dans une maison, la quittent, marchent dans la rue et s'asseyent sur la place centrale.' De même -- avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité -- le moine le dirige et l'incline vers la connaissance de la disparition et de la réapparition des êtres. Il voit -- -- au moyen de l'oeil divin, purifié et surpassant l'humain -- disparaître et réapparaître les êtres, et il discerne en quoi ils sont inférieurs et supérieurs, beaux et laids, fortunés et infortunés en accord avec leur karma...

"Cela aussi, s'appelle le miracle de l'instruction.

 

(La fin des fermentations mentales)

"Avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité, il le dirige et l'incline vers la connaissance de la fin des fermentations mentales. Il discerne, telle que c'est effectivement présent, que 'Ceci est le stress... Ceci est l'origine du stress... Ceci est la cessation du stress... Ceci est la piste qui mène à la cessation du stress... Ceci est des fermentations mentales... Ceci est l'origine des fermentations... Ceci est la cessation des fermentations... Ceci est la piste menant à la cessation des fermentations.' Son coeur, sachant cela, voyant cela, est libéré de la fermentation de la sensualité, la fermentation du devenir, la fermentation de l'ignorance. Avec la libération, il y a la connaissance de 'Libéré'. Il discerne que 'La naissance, c'est fini, la vie sainte est accomplie, la tâche terminée. Il n'y a rien de plus pour ce monde.' De même que s'il y avait un lac dans une vallée de montagne -- clair, limpide et non-souillé -- où un homme à la bonne vue se tenant sur une berge pourrait voir des coquillages, du gravier et des galets, et aussi des bancs de poissons nageant et se reposant, il se rendrait compte: 'Ce lac est clair, limpide et non-souillé. Voici ces coquillages, ce gravier et ces galets, et aussi ces bancs de poissons nageant et se reposant.' De même -- avec son esprit ainsi concentré, purifié, et clair, sans tache, libre de défauts, flexible, malléable, ferme et parvenu à l'imperturbabilité -- le moine le dirige et l'incline vers la connaissance de de la fin des fermentations mentales. Il discerne, telle que c'est effectivement présent, que 'Ceci est le stress... Ceci est l'origine du stress... Ceci est la cessation du stress... Ceci est la piste qui mène à la cessation du stress... Ceci est des fermentations mentales... Ceci est l'origine des fermentations... Ceci est la cessation des fermentations... Ceci est la piste menant à la cessation des fermentations.' Son coeur, sachant cela, voyant cela, est libéré de la fermentation de la sensualité, la fermentation du devenir, la fermentation de l'ignorance. Avec la libération, il y a la connaissance de 'Libéré'. Il discerne que 'La naissance, c'est fini, la vie sainte est accomplie, la tâche terminée. Il n'y a rien de plus pour ce monde.'

"Ce sont là les trois miracles que je déclare, Kevatta, les ayant connus et réalisés directement par moi-même.

 

(Conversations avec les dieux)

"Jadis, Kevatta, ce train de pensée surgit dans la conscience d'un certain moine dans cette communauté-même de moines: 'Où donc ces quatre grands éléments -- la propriété de la terre, la propriété liquide, la propriété ignée, et la propriété éolienne -- cessent-ils sans reste?' Il atteint alors un tel état de concentration que le chemin menant jusqu'aux dieux apparut à son esprit concentré. Il s'approcha alors des dieux de la suite des Quatre Grands Rois et, en arrivant, leur demanda: 'Amis, où donc ces quatre grands éléments -- la propriété de la terre, la propriété liquide, la propriété ignée, et la propriété éolienne -- cessent-ils sans reste?'

"Lorsque cela eût été dit, les dieux de la suite des Quatre Grands Rois dirent au moine: 'Nous ne savons pas non plus où les quatre grands éléments ... cessent sans reste.'

"Le moine s'approcha donc des Quatre Grands Rois et, en arrivant, leur demanda: 'Amis, où donc ces quatre grands éléments ... cessent-ils sans reste?'

"Lorsque cela eût été dit, les Quatre Grands Rois dirent au moine: 'Nous ne savons pas non plus où les quatre grands éléments ... cessent sans reste. Mais il y a les dieux des Trente-trois qui sont plus élevés et plus sublimes que nous. Ils devraient savoir...'

"Le moine s'approcha donc des dieux des Trente-trois et, en arrivant, leur demanda: 'Amis, où donc ces quatre grands éléments ... cessent-ils sans reste?'

"Lorsque cela eût été dit, les dieux des Trente-trois dirent au moine: 'Nous ne savons pas non plus où les quatre grands éléments ... cessent sans reste. Mais il y a Sakka, le chef des dieux, qui est plus élevé et plus sublime que nous. Il devrait savoir...'

"Le moine s'approcha donc de Sakka, le chef des dieux, et, en arrivant, lui demanda: 'Ami, où donc ces quatre grands éléments ... cessent-ils sans reste?'

"Lorsque cela eût été dit, Sakka, le chef des dieux, dit au moine: Je ne sais pas non plus où les quatre grands éléments ... cessent sans reste. Mais il y a les dieux Yama, qui sont plus élevés et plus sublimes que moi. Ils devraient savoir...'

"Les dieux Yama dirent: 'Nous ne savons pas non plus... Mais il y a le dieu appeléSuyama... Il devrait savoir...'

"Suyama dit, 'Je ne sais pas non plus... Mais il y a le dieu appelé Santusita... Il devrait savoir...'

"Santusita dit, 'Je ne sais pas non plus... Mais il y a les dieux Nimmanarati... Ils devraient savoir...'.

"Les dieux Nimmanarati dirent, 'Nous ne savons pas non plus... Mais il y a le dieu appelé Sunimmita... Il devrait savoir...'

"Sunimmita dit, 'Je ne sais pas non plus... Mais il y a les dieux Paranimmitavasavatti... Ils devraient savoir...'.

"Les dieux Paranimmitavasavatti dirent, 'Nous ne savons pas non plus... Mais il y a le dieu appelé Paranimmita Vasavatti... Il devrait savoir...'

"Le moine s'approcha donc du dieu Vasavatti, et, en arrivant, lui demanda: 'Ami, où donc ces quatre grands éléments ... cessent-ils sans reste?'

"Lorsque cela eût été dit, le dieu Vasavatti dit au moine: 'Je ne sais pas non plus où les quatre grands éléments ... cessent sans reste. Mais il y a les dieux de la suite de Brahma, qui sont plus élevés et plus sublimes que moi. Ils devraient savoir où les quatre grands éléments ... cessent sans reste'...

"Le moine atteint alors un tel état de concentration que le chemin menant jusqu'aux dieux de la suite de Brahma apparut à son esprit concentré. Il s'approcha alors des dieux de la suite de Brahma et, en arrivant, leur demanda: 'Amis, où donc ces quatre grands éléments -- la propriété de la terre, la propriété liquide, la propriété ignée, et la propriété éolienne -- cessent-ils sans reste?'

"Lorsque cela eût été dit, les dieux de la suite de Brahma dirent au moine: 'Nous ne savons pas non plus où les quatre grands éléments ... cessent sans reste. Mais il y a Brahma, le Grand Brahma, le Conquérant, l'Inconquis, Celui qui voit tout, le Tout-puissant, le Seigneur Souverain, le Faiseur, le Créateur, le Chef, Commandant et Dirigeant, Père de Tout ce qui a été et qui sera. Il est plus élevé et plus sublime que nous. Il devrait savoir où les quatre grands éléments ... cessent sans reste'...

"'Mais où, amis, est le Grand Brahma, maintenant?'

"'Moine nous ne savons pas non plus où se trouve Brahma ou en quelle façon il est. Mais, lorsqu'apparaissent les signes, que brille la lumière et qu'apparaît son rayonnement, Brahma apparaît. Car ce sont là les signes avant-coureurs de l'apparition de Brahma: la lumière brille et un rayonnement apparaît.'

"Ce ne fut alors pas long avant qu'apparaisse Brahma.

"Le moine s'approcha donc du Grand Brahma, et, en arrivant, lui demanda: 'Ami, où donc ces quatre grands éléments ... cessent-ils sans reste?'

"Lorsque cela eût été dit, le Grand Brahma dit au moine: 'Moi, moine, je suis Brahma, le Grand Brahma, le Conquérant, l'Inconquis, Celui qui voit tout, le Tout-puissant, le Seigneur Souverain, le Faiseur, le Créateur, le Chef, Commandant et Dirigeant, Père de Tout ce qui a été et qui sera.'

"Une seconde fois, le moine dit au Grand Brahma: 'Ami, je ne vous ai pas demandé si vous étiez Brahma, le Grand Brahma, le Conquérant, l'Inconquis, Celui qui voit tout, le Tout-puissant, le Seigneur Souverain, le Faiseur, le Créateur, le Chef, Commandant et Dirigeant, Père de Tout ce qui a été et qui sera. Je vous ai demandé où donc ces quatre grands éléments ... cessent-ils sans reste?'

"Une seconde fois, le Grand Brahma dit au moine: 'Moi, moine, je suis Brahma, le Grand Brahma, le Conquérant, l'Inconquis, Celui qui voit tout, le Tout-puissant, le Seigneur Souverain, le Faiseur, le Créateur, le Chef, Commandant et Dirigeant, Père de Tout ce qui a été et qui sera.'

"Une troisième fois, le moine dit au Grand Brahma: 'Ami, je ne vous ai pas demandé si vous étiez Brahma, le Grand Brahma, le Conquérant, l'Inconquis, Celui qui voit tout, le Tout-puissant, le Seigneur Souverain, le Faiseur, le Créateur, le Chef, Commandant et Dirigeant, Père de Tout ce qui a été et qui sera. Je vous ai demandé où donc ces quatre grands éléments ... cessent-ils sans reste?'

"Alors, le Grand Brahma, prenant le moine par le bras et le menant de côté, lui dit: 'Ces dieux de la suite de Brahma croient: 'Il n'est rien que le Grand Brahma ne connaisse. Il n'est rien que le Grand Brahma ne voie. Il n'est rien dont le Grand Brahma n'ait connaissance. Il n'est rien que le Grand Brahma n'ait réalisé.' C'est pour cela que je n'ai pas dit en leur présence que moi non plus, je ne sais pas où les quatre grands éléments ... cessent sans reste. Car tu as mal agi, tu as agi de façon incorrecte, en court-circuitant le Béni du Ciel pour chercher ailleurs une réponse à cette question. Retourne immédiatement auprès du Béni du Ciel et, en arrivant, pose lui cette question. Peu importe comment il y répondra, tu devras le prendre à coeur.'

"Alors -- tout comme un homme fort pourrait étirer son bras plié, ou plier son bras étendu -- le moine disparût du Monde de Brahma et apparût immédiatement devant moi. S'étant incliné devant moi, il s'assit sur un côté. Assis là, il me dit: 'Vénérable Monsieur, où les quatre grands éléments -- la propriété de la terre, la propriété liquide, la propriété ignée, et la propriété éolienne -- cessent-ils sans reste?'

"Lorsque cela eût été dit, je lui dis: Jadis, moine, des marchands marins prirent un oiseau de plage et mirent la voile en leur vaisseau. Lorsqu'ils ne purent plus voir la rive, ils relâchèrent l'oiseau de plage. Il vola à l'est, au sud, à l'ouest, au nord, vers le haut et dans toutes les directions intermédiaires de la boussole. S'il voyait la rive en quelque direction, il volait en cette direction. S'il ne voyait pas la rive en quelque direction, il revenait tout droit vers le vaisseau. De même, ô moine, étant allé aussi loin que le Monde de Brahma en quête d'une réponse à ta question, tu es revenu tout droit en ma présence.

"Tu ne devrais pas formuler ta question ainsi. Où donc ces quatre grands éléments -- la propriété de la terre, la propriété liquide, la propriété ignée, et la propriété éolienne -- cessent-ils sans reste? Plutôt, tu devrais la formuler comme suit:

Où donc l'eau, la terre, le feu et le vent
    ne reposent sur rien?
Où donc le long et le court,
    le gros et le fin,
    le beau et le laid,
    le nom et la forme
arrivent-ils à leur terme?

"'Et la réponse à cela est:

Conscience sans caractéristiques,[1]
        sans fin,
    lumineuse tout autour:
Ici l'eau, la terre, le feu et le vent
    ne reposent sur rien.
Ici le long et le court
    le gros et le fin,
    le beau et le laid,
    le nom et la forme
arrivent tous à leur terme.
Avec la cessation de [l'activité de] la conscience
    chacun arrive ici à son terme.'"

Voilà ce que dit le Béni du Ciel. Gratifié, Kevatta, le maître de maison fut ravi des paroles du Béni du Ciel.


Notes

1. Viññanam anidassanam. Ce terme n'est expliqué nulle part dans le Canon, quoique MN 49 mentionne qu'il "ne partage pas dans la totalité du Tout" -- le "Tout" signifiant les six moyens sensoriels internes et les six externes (voir SN XXXV.23). En cela, il diffère du facteur de conscience dans la coproduction conditionnée, qui est défini en termes des six moyens sensoriels. Situé en dehors du temps et de l'espace, il ne viendrait pas non plus sous l'agrégat-conscience, qui couvre toute la conscience proche et lointaine; passée, présente et future. Cependant, le fait qu'il soit hors du temps et de l'espace -- en une dimension où il n'y a ni ici, ni là ni entre-deux (Ud I.10), ni allé, ni venu, ni demeuré (Ud VIII.1) -- signifie qu'on ne peut le décrire comme étant permanent ou omniprésent, termes qui n'ont de sens que dans l'espace et dans le temps. La description standard du nibbana après la mort est: "Tout ce qui est ressenti, n'étant plus chéri, va se refroidir juste là." (Voir MN 140 et Iti 44.) Encore une fois, alors que "tout" est défini comme moyen des sens, ceci soulève la question de savoir si la conscience sans caractéristiques n'est pas couverte par ce "tout". Cependant, AN IV.174 avertit que toute spéculation pour savoir si quelque chose reste ou pas après l'arrêt sans reste des six moyens sensoriels, est "compliquer la non-complication", ce qui empêche d'atteindre le non-compliqué. c'est donc une question qu'il vaut mieux mettre de côté. [Retour]


Version anglaise d'origine:
http://www.accesstoinsight.org/canon/digha/dn11.html