"Quels que soient le moine ou la nonne en lesquels surgit le désir, la passion, l'aversion, l'illusion ou la résistance mentale par rapport à des sons connaissables par l'oreille... des arômes connaissables par le nez... des saveurs connaissables par la langue... des sensations tactiles connaissables par le corps... des idées connaissables par l'intellect, il ou elle devrait garder le contrôle de son esprit. [En se disant,] 'Il est dangereux et douteux, ce chemin, plein de ronces et envahi, un sentier misérable, un sentier détourné, impénétrable. C'est un chemin que suivent les gens sans intégrité, et pas un chemin que suivent les personnes intègres. Il n'est pas digne de toi,' il ou elle devrait garder le contrôle de l'esprit par rapport à des idées connaissables par l'intellect.
"Supposons que le blé ait mûri et que le surveillant ait été inattentif. Un boeuf mangeur de blé, entrant dans les blés pour les manger, s'en griserait autant qu'il voudrait. De la même façon, une personne ordinaire sans instruction, qui n'exercerait aucune réserve par rapport aux six moyens de contact sensuel, se griserait des cinq cordes de la sensualité autant qu'elle le voudrait.
"Supposons maintenant que le blé ait mûri et que le surveillant ait été attentif. le boeuf mangeur de blé entrerait dans les blés pour les manger, mais alors le surveillant le saisirait fermement par le museau. L'ayant saisi fermement par le museau, il le coincerait par la tête. L'ayant coincé par la tête, il lui donnerait une bonne volée de coups de bâton. Lui ayant donné une bonne volée de coups de bâton, il le laisserait partir.
"Une seconde fois... Une troisième fois, le boeuf mangeur de blé entrerait dans les blés pour les manger, mais alors le surveillant le saisirait fermement par le museau. L'ayant saisi fermement par le museau, il le coincerait par la tête. L'ayant coincé par la tête, il lui donnerait une bonne volée de coups de bâton. Lui ayant donné une bonne volée de coups de bâton, il le laisserait partir.
"Le résultat en serait que le boeuf mangeur de blé -- peu importe s'il irait au village ou dans la nature, s'il reste debout ou se couche -- n'entrerait plus dans les blés, parce qu'il se rappellerait qu'il avait auparavant tâté du bâton.
"De la même manière, lorsque l'esprit d'un moine est retenu, complètement retenu, par les six média de contact sensuel, son esprit s'établit intérieurement, s'affermit, s'unifie et se concentre.
"Supposons qu'il y ait un roi ou le ministre d'un roi qui n'aurait jamais entendu le son d'un luth auparavant. Il pourrait entendre le son d'un luth et dire: 'Quel est, mes bons amis, ce son -- si délicieux, si tentant, si grisant, si ravissant, si ensorcelant?' Ils lui répondraient, 'Cela, seigneur, s'appelle un luth, dont le son est si délicieux, si tentant, si grisant, si ravissant, si ensorcelant.' Lui, alors, il dirait: 'Allez me chercher ce luth.' Ils iraient chercher le luth et diraient: 'Voici, seigneur, le luth dont le son est si délicieux, si tentant, si grisant, si ravissant, si ensorcelant.' Il dirait alors: 'Je m'en fiche de votre luth, c'est juste le son, que je veux.' Ils lui diraient alors: 'Ce luth, seigneur est fait de nombreuses parties, de beaucoup de parties. C'est par l'activité des nombreues parties qu'il sonne: c'est-à-dire, en dépendance du corps, de la peau, du cou, du cadre, des cordes, du chevalet, et de l'effort humain approprié. C'est ainsi que ce luth -- fait de nombreuses parties, de beaucoup de parties -- sonne grâce à l'activité de ses nombreuses parties.'
"Alors, le roi fendrait le luth en dix morceaux, en cent morceaux. Ayant fendu le luth en dix morceaux, en cent morceaux, il le réduirait en copeaux. L'ayant réduit en copeaux, il le brulerait dans un feu. L'ayant brûlé dans un feu, il le réduirait en cendres. L'ayant réduit en cendres, il le vannerait dans un grand vent ou le laisserait être lavé par un ruisseau au flot rapide. Il dirait alors: 'Misérable chose que ce luth -- quoi que puisse être un luth -- par lequel des gens ont pu être aussi complètement trompés et fraudés.'
"De la même manière, un moine étudie la forme, aussi loin que puisse aller la forme. Il étudie la sensation... la perception... les fabrications... la conscience, aussi loin que puisse aller la conscience. Comme il étudie la forme... la sensation... la perception... les fabrications... la conscience, aussi loin que puisse aller la conscience, toute pensée de 'moi' ou de 'mien' ou de 'Je suis' ne lui vient pas.