"Oui, seigneur," répondirent les moines.
Le Béni du Ciel dit, "Moines, la fin des fermentations est pour qui sait et voit, je vous le dis, pas pour qui ne sait pas et ne voit pas. Pour celui qui sait quoi et voit quoi? L'attention appropriée et l'attention inappropriée. Lorsque un moine vaque de façon inappropriée, des fermentations non [encore] survenues surgissent, et les fermentations déjà survenues augmentent. Lorsque un moine vaque de façon appropriée, des fermentations non [encore] survenues ne surgissent pas, et les fermentations déjà survenues sont abandonnées. Il y a des fermentations qu'il faut abandonner en les voyant, celles qu'il faut abandonner en se modérant, celles qu'il faut abandonner par utilisation, celles qu'il faut abandonner en les tolérant, celles qu'il faut abandonner en les évitant, celles qu'il faut abandonner en les détruisant, et celles qu'il faut abandonner en les développant.
"[1] Et que sont les fermentations qu'il faut abandonner en les voyant? Il y a le cas où une personne ordinaire non-instruite -- qui n'a aucun égard pour nobles personnes, n'est pas bien versée ou disciplinée dans leur Dhamma; qui n'a aucun égard pour des hommes intègres, n'est pas bien versée ou disciplinée dans leur Dhamma -- ne discerne pas quelles idées sont appropriées pour l'attention ou quelles idées sont inappropriées pour l'attention. Ceci étant, elle ne s'occupe pas d'idées appropriées pour l'attention et vaque [plutôt] aux idées inappropriées pour l'attention.
"Et que sont les idées inappropriées pour l'attention auxquelles elle vaque? Toute idée telle que, lorsqu'elle s'en occupe, la fermentation non-[encore] survenue de sensualité surgisse en elle, et la fermentation [déjà] survenue de sensualité augmente; la fermentation non-[encore] survenue de devenir surgisse en elle, et la fermentation [déjà] survenue de devenir augmente; la fermentation non-[encore] survenue d'ignorance surgisse en elle, et la fermentation [déjà] survenue d'ignorance augmente. Ce sont laux idées inappropriées pour l'attention auxquelles elle vaque.
"Et que sont les idées appropriées pour l'attention dont elle ne s'occupe pas? Toute idée telle que, lorsqu'elle s'en occupe, la fermentation non-[encore] survenue de sensualité ne surgisse pas en elle, et la fermentation [déjà] survenue de sensualité soit abandonnée; la fermentation non-[encore] survenue de devenir ne surgisse pas en elle, et la fermentation [déjà] survenue de devenir soit abandonnée; la fermentation non-[encore] survenue d'ignorance ne surgisse pas en elle, et la fermentation [déjà] survenue d'ignorance soit abandonnée. Ce sont laux idées appropriées pour l'attention dont elle ne s'occupe pas. Parce qu'elle s'occupe d'idées inappropriées pour l'attention et parce qu'elle ne s'occupe pas d'idées appropriées pour l'attention, les deux fermentations non [encore] survenues surgissent en elle, et des fermentations déjà survenues augmentent.
"C'est ainsi qu' elle vaque de façon inappropriée: 'Etais-je dans le passé? Serais-ce que je n'existais pas dans le passé? Qu'étais-je dans le passé? Qu'étais-je dans le passé? Ayant été quoi, qu'étais-je dans le passé? Serai-je dans le futur? Serais-ce que je ne serais pas dans le futur? Que serai-je dans le futur? Comment serai-je dans le futur? Ayant été quoi, que serai-je dans le futur?' Ou bien elle est intérieurement perplexe au sujet du présent immédiat: 'Suis-je? Serait-ce que je ne suis pas? Que suis-je? Comment suis-je? D'où vient cet être? Où va-t-il?'[1]
"Comme il vaque de façon inappropriée de cette façon, l'une de six sortes de vues surgit en elle: La vue J'ai un Moi surgit en elle comme étant vraie et établie, ou la vue Je n'ai pas de moi ... ou la vue C'est précisément grâce au Moi que je me perçois moi-même... ou la vue C'est précisément grâce au Moi que je perçois le non-Soi ... ou la vue C'est précisément grâce au non-Soi que je me perçois moi-même surgit en elle comme étant vraie et établie, ou bien elle a des vues comme suit: C'est précisément ce Soi qui est le mien -- le connaisseur qui est sensible ici et là au mûrissement des bonnes et des mauvaises actions -- qui est ce mien Soi qui est constant, durable pour toujours, éternel, non sujet au changement, et demeurera tel qu'il est pour l'éternité. C'est ce qu'on appelle un fourré de vues, un désert de vues, une contorsion de vues, un grouillement de vues, des menottes de vues. Liée par des menottes de vues, la personne ordinaire non-instruite n'est pas libérée de la naissance, de la vieillesse, et de la mort, du chagrin, des plaintes, de la douleur, de l'angoisse, et du désespoir. Elle n'est pas libérée, je vous le dis, de la souffrance et du stress.
"Le disciple bien-enseigné des nobles personnes -- qui a des égards pour les nobles personnes, est bien versé et discipliné dans leur Dhamma; qui a des égards pour des hommes intègres, est bien versé et discipliné dans leur Dhamma -- discerne quelles idées sont appropriées pour l'attention et quelles idées sont inappropriées pour l'attention. Ceci étant, il ne s'occupe pas d'idées inappropriées pour l'attention et vaque [plutôt] aux idées appropriées pour l'attention.
"Et que sont les idées inappropriées pour l'attention dont il ne s'occupe pas? Toute idée telle que, lorsque il s'en occupe, la fermentation non-[encore] survenue de sensualité surgit en lui, et la fermentation [déjà] survenue de sensualité augmente; la fermentation non-[encore] survenue de devenir surgit en lui, et la fermentation [déjà] survenue de devenir augmente; la fermentation non-[encore] survenue d'ignorance surgit en lui, et la fermentation [déjà] survenue d'ignorance augmente. Ce sont laux idées inappropriées pour l'attention dont il ne s'occupe pas.
"Et que sont les idées appropriées pour l'attention dont il s'occupe effectivement? Toute idée telle que, lorsque il s'en occupe, la fermentation non-[encore] survenue de sensualité ne surgisse pas en lui, et la fermentation [déjà] survenue de sensualité soit abandonnée; la fermentation non-[encore] survenue de devenir ne surgisse pas en lui, et la fermentation [déjà] survenue de devenir soit abandonnée; la fermentation non-[encore] survenue d'ignorance ne surgisse pas en lui, et la fermentation [déjà] survenue d'ignorance soit abandonnée. Ce sont laux idées appropriées pour l'attention dont il s'occupe effectivement. Parce qu'il s'occupe d'idées inappropriées pour l'attention et parce qu'il s'occupe d'idées appropriées pour l'attention, des fermentations non [encore] survenues ne surgissent pas en lui, et des fermentations déjà survenues sont abandonnées.
"Il pense de façon appropriée, Ceci est le stress... Ceci est l'origine du stress... Ceci est la la cessation du stress... Ceci est le chemin qui mène à la la cessation du stress. Comme il vaque de façon appropriée de cette façon, trois chaînes sont abandonnées en elle: les vues d'identité, les doutes, et le fait de s'agripper aux préceptes et aux pratiques. C'est ce qu'on appelle les fermentations qu'il faut abandonner en les voyant.
"[2] Et que sont les fermentations qu'il faut abandonner en se modérant? Il y a le cas où un moine, en réfléchissant de façon appropriée, demeure modéré grâce à la modération de la faculté-oeil. Les fermentations, la contrariété, ou la fièvre qui surgiraient s'il devait demeurer immodéré grâce à la modération de la faculté-oeil ne surgissent pas pour lui quand il demeure modéré grâce à la modération de la faculté-oeil.
En réfléchissant de façon appropriée, il demeure modéré grâce à la modération de la faculté-oreille...
En réfléchissant de façon appropriée, il demeure modéré grâce à la modération de la faculté-nez...
En réfléchissant de façon appropriée, il demeure modéré grâce à la modération de la faculté-langue...
En réfléchissant de façon appropriée, il demeure modéré grâce à la modération de la faculté-corps...
En réfléchissant de façon appropriée, il demeure modéré grâce à la modération de la faculté-intellect. Les fermentations, la contrariété, ou la fièvre qui surgiraient s'il devait demeurer immodéré grâce à la modération de la faculté-intellect ne surgissent pas pour lui quand il demeure modéré grâce à la modération de la faculté-intellect. C'est ce qu'on appelle les fermentations qu'il faut abandonner en se modérant.
"[3] Et que sont les fermentations qu'il faut abandonner par utilisation? Il y a le cas où un moine, en réfléchissant de façon appropriée, se sert de la robe simplement pour combattre le froid, pour combattre la chaleur, pour empêcher les mouches, les moustiques, le vent, le soleil, et les reptiles de le toucher; simplement pour recouvrir les parties du corps qui causent la honte.
"En réfléchissant de façon appropriée, il se sert de la nourriture d'aumônes, non pas pour se divertir, ni pour s'intoxiquer, ni pour prendre du poids, ni pour s'embellir; mais simplement pour sa survie et la continuité de ce corps, pour mettre fin à ses afflictions, pour le soutien de la vie sainte, en pensant, 'Ainsi détruirai-je les vieilles sensations [de la faim] et ne créerai pas de nouvelles sensations [en mangeant trop]. je me maintiendrai, serai sans blâme, et vivrai à l'aise.'
"En réfléchissant de façon appropriée, il se sert de l'habitation simplement pour combattre le froid, pour combattre la chaleur, pour empêcher les mouches, les moustiques, le vent, le soleil, et les reptiles de le toucher; simplement pour se protéger des intempéries et pour profiter de la réclusion.
"En réfléchissant de façon appropriée, il se sert des fournitures médicinales dont on se sert pour soigner les malades simplement pour combattre toute douleur de maladie qui ait surgi et pour une liberté maximale par rapport à la maladie.
"Les fermentations, la contrariété, ou la fièvre qui surgiraient s'il devait ne pas se servir de ces choses [de cette façon] ne surgissent pas pour lui quand il s'en sert [de cette façon]. C'est ce qu'on appelle les fermentations qu'il faut abandonner par utilisation.
"[4] Et que sont les fermentations qu'il faut abandonner en tolérant? Il y a le cas où un moine, en réfléchissant de façon appropriée, supporte. Il tolère le froid, la chaleur, la faim, et la soif; le contact des mouches, des moustiques, du vent, du soleil, et des reptiles; les paroles désagréables, malvenues et les sensations corporelles qui, lorsqu'elles surgissent, sont pénibles, atroces, aiguës, perçantes, désagréables, déplaisantes, et menaçantes pour la vie. Les fermentations, la contrariété, ou la fièvre qui surgiraient s'il devait pas tolérer ces choses ne surgissent pas pour lui quand il les tolère . C'est ce qu'on appelle les fermentations qu'il faut abandonner en tolérant.
"[5] Et que sont les fermentations qu'il faut abandonner en évitant? Il y a le cas où un moine, en réfléchissant de façon appropriée, évite un éléphant sauvage, un cheval sauvage, un taureau sauvage, un chien sauvage, un serpent, une souche, un roncier, un ravin, une falaise, une fosse septique, un égout à ciel ouvert. En réfléchissant de façon appropriée, il évite de s'asseoir sur les sortes de sièges inappropriés, d'errer dans les sortes d'habitats inappropriés, et de s'associer avec la sorte de mauvais amis qui pourraient faire que ses amis bien informés dans la vie sainte puissent le soupçonner de mauvaise conduite. Les fermentations, la contrariété, ou la fièvre qui surgiraient s'il ne devait pas éviter ces choses ne surgissent pas pour lui quand il les évite. C'est ce qu'on appelle les fermentations qu'il faut abandonner en évitant.
"[6] Et que sont les fermentations qu'il faut abandonner en détruisant? Il y a le cas où un moine, en réfléchissant de façon appropriée, ne tolère pas une pensée de sensualité qui surgit. Il l'abandonne, la détruit, la chasse, et l'efface de son existence.
En réfléchissant de façon appropriée, il ne tolère pas une pensée de mauvaise volonté qui surgit ...
En réfléchissant de façon appropriée, il ne tolère pas une pensée de cruauté qui surgit...
En réfléchissant de façon appropriée, il ne tolère pas que surgissent des qualités mentales mauvaises et malavisées. Il les abandonne, les détruit, les chasse et les efface de son existence. Les fermentations, la contrariété, ou la fièvre qui surgiraient s'il devait ne pas détruire ces choses ne surgissent pas pour lui quand il les détruit. C'est ce qu'on appelle les fermentations qu'il faut abandonner en détruisant.
"[7] Et que sont les fermentations qu'il faut abandonner en les développant? Il y a le cas où un moine, en réfléchissant de façon appropriée, développe l'attention en tant que facteur d'Eveil reposant sur la réclusion... le dépassionnement... la cessation, ce qui résulte en un lâcher-prise. Il développe l'analyse des qualités en tant que facteur d'Eveil...la persistance en tant que facteur d'Eveil...le ravissement en tant que facteur d'Eveil...la sérénité en tant que facteur d'Eveil...la concentration en tant que facteur d'Eveil...l'équanimité en tant que facteur d'Eveil reposant sur la réclusion... le dépassionnement... la cessation, ce qui résulte en un lâcher-prise. Les fermentations, la contrariété, ou la fièvre qui surgiraient s'il devait ne pas développer ces qualités ne surgissent pas pour lui quand il les développe. C'est ce qu'on appelle les fermentations qu'il faut abandonner en les développant.
"Lorsque les fermentations d'un moine qui devraient être abandonnées en les voyant ont été abandonnées en les voyant, que ses fermentations qui devraient être abandonnées en se modérant ont été abandonnées en se modérant, que ses fermentations qui devraient être abandonnées en utilisant ont été abandonnées en utilisant, que ses fermentations qui devraient être abandonnées en tolérant ont été abandonnées en tolérant, que ses fermentations qui devraient être abandonnées en évitant ont été abandonnées en évitant, que ses fermentations qui devraient être abandonnées en détruisant ont été abandonnées en détruisant, et que ses fermentations qui devraient être abandonnées en les développant ont été abandonnées en les développant, alors on l'appelle un moine qui demeure modéré grâce à la modération de toutes les fermentations. Il a retranché la soif insatiable, rejeté les chaînes, et -- grâce à la correcte pénétration de l'orgueil -- a mis fin à la souffrance et au stress."
C'est ce que dit le Béni du Ciel. Gratifiés, les moines se réjouirent des paroles du Béni du Ciel.
1- "Qui suis-je? Que suis-je? Où suis-je? Où vais-je? Dans quel état j'erre?" [retour]