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Dhaniya le bouvier:[1]
"Le riz est cuit,
mon lait est trait.
Je vis parmi mes gens
sur les rives de la Mahi;
ma hutte a un toit, mon feu est allumé:
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Le Bouddha:
"Libre de colère,
mon entêtement parti,[2]
Je ne vis qu'une nuit
sur les rives de la Mahi;
ma hutte est sans toit, mon feu éteint:[3]
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Dhaniya:
"Ni moustiques ni taons
ne nous embêtent.
Les vaches paissent dans les prés marécageux
où pousse l'herbe verte.
Elle peuvent supporter la pluie si elle vient:
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Le Bouddha:
"Un radeau bien construit,inal à l'adresse suivante
http://www.accesstoinsi
a été assemblé.[4]
Ayant traversé,
étant passé sur l'autre rive,
J'ai dompté le flot.
De ce radeau
Je n'ai plus besoin:[5]
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Dhaniya:
"Ma femme est docile, et pas négligente,
elle est charmante, et vit avec moi depuis longtemps.
Je n'entend rien dire de mal sur elle:
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Le Bouddha:
"Mon esprit est docile, libéré,
il a été longuement nourri, bien dompté.
On ne trouvera aucun mal en moi:
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Dhaniya:
"Je vis de mes gains.
Mes fils vivent en harmonie,
libres de maladie.
Je n'entend rien dire de mal sur eux:
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Le Bouddha:
"Je ne suis l'employé de personne,[6]
J'erre à travers le monde entier
en récompense [de mon Eveil].
De ces gains
je n'ai pas besoin:
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Dhaniya:
"Il y a des vaches, de jeunes taureaux,
des vaches au veau, et des reproductrices,
ainsi qu'un grand taureau, le chef du troupeau:
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Le Bouddha:
"Je n'ai ni vaches, ni jeunes taureaux,
ni vaches au veau, ni reproductrices,
ni grand taureau, chef du troupeau:[7]
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Dhaniya:
"Les pieux sont plantés, immuables.
Les nouveaux licoux d'herbe muñja, bien tressés,
pas même de jeunes taureaux ne pourraient les rompre:
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Le Bouddha:
"Ayant rompu mes liens
comme un grand taureau,
comme un grand éléphant
déchire une liane pourrie,
Plus jamais je ne
reposerai dans la matrice:
si tu le veux, dieu de la pluie,
vas-y donc et qu'il pleuve."Le grand nuage descendit en pluie
d'un seul coup,
remplissait les terres basses et les hautes.
En entendant le dieu de la pluie se déverser,
Dhaniya dit:"Qu'il est grand notre gain
d'avoir posé les yeux
sur le Béni du Ciel!
Nous allons à lui,
celui qui a la vision,
pour refuge.
Puissiez-vous être notre enseignant, Grand Sage.
Ma femme et moi sommes dociles.
Suivons la vie sainte
Sous la direction du Bien-allé.
Passé sur l'autre rive
de la vieillesse et de la mort,
mettons fin
à la souffrance et à l'angoisse."Mara:[8]
"Ceux qui ont des enfants
se réjouissent
à cause de leurs enfants.
Ceux qui ont du bétail
se réjouissent
à cause de leurs vaches.
Les délices d'une personne
lui viennent de ses acquisitions,
puisqu'une personne sans acquisitions
n'a pas de quoi se réjouir."Le Bouddha:
"Ceux qui ont des enfants
s'affligent
à cause de leurs enfants.
Ceux qui ont du bétail
s'affligent
à cause de leurs vaches.
L'affliction d'une personne
lui vient de ses acquisitions,
puisqu'une personne sans acquisitions
n'a pas de quoi s'affliger."
1. Dhaniya Gopa: Littéralement, quelqu'un dont la richesse est dans son bétail. Selon le Commentaire, son troupeau comptait 30,000 têtes de bétail.[Retour]
2. La première ligne du vers du Bouddha joue sur les mots de la première ligne de Dhaniya. "Libre de colère" (akkodhano) joue sur "le riz est cuit" (pakkodano); et "entêtement" (khilo) joue sur "lait" (khiro). [Retour]
3. "Ouvert" signifie avoir un esprit qui n'est ni couvert ni caché par l'avidité, les souillures ou l'ignorance. Cette image sert aussi dans Ud V.5 et Sn IV.4. "Mon feu" se réfère aux feux de la passion, de l'aversion, et de l'illusion; naissance, vieillesse, et mort; peine, lamentation, douleur, détresse, et désespoir. Voir SN XXXV.28; Iti 93; et The Mind Like Fire Unbound. [Retour]
4. Le radeau indique le noble octuple sentier. Voir les passages 113 et 114 dans The Wings to Awakening. [Retour]
5. Comme ce vers n'a pas l'air d'être une répose directe au précédent, le Commentaire suggère qu'il nous manque une partie de la conversation, ici. Une autre possibilité serait que le Bouddha joue sur les mots-- l'expression "traversé" (tinna) serait alors une vanne sur l'allusion de Dhaniya à l'herbe (tina). [Retour]
6. Selon le Commentaire, le Bouddha n'est à l'emploi de personne d'autre, pas même le sien; c'est-à-dire qu'il n'est pas à l'emploi de l'avidité. [Retour]
7. Le Bouddha parle peut-être littéralement, ici -- il n'a pas de bétail, une forte pluie ne pourrait donc en aucun cas lui causer du tort -- mais il pourrait bien parler aussi de façon métaphorique. Voir SN IV.19 [Retour]
8. Selon le Commentaire, Mara survient brusquement pour tenter -- sans succès -- d'empêcher Dhaniya et sa femme de partir. On trouve aussi ses versets, ensemble avec la réplique du Bouddha, dans SN IV.8. [Retour]