Si vous avez des questions auxquelles vous voudriez voir répondre ici, faites-le moi savoir (anglais seulement).
Malgré sa nature non-théiste, cependant, la pratique bouddhiste requiert quand même une sorte de foi. Ce n'est pas la foi aveugle, une acceptation sans critique de la parole du Bouddha telle que transmise par les écritures. Au contraire c'est saddha, une confiance qui naît du fait d'avoir pris refuge dans le Triple Joyau; c'est un empressement à être confiant que le Dhamma, quand pratiqué avec diligence, conduira aux récompenses promises par le Bouddha. Saddha est une acceptation provisoire des enseignements, jamais sujet à évaluation critique au cours de notre pratique, et qu'on doit équilibrer en augmentant ses propres pouvoirs croissants de discernement. Pour de nombreux bouddhistes, cette foi est exprimée et renforcée grâces aux pratiques dévotionnelles traditionnelles, comme de s'incliner devant une statue du Bouddha et réciter des passages tirés des anciens textes Pâli. Malgré une ressemblance superficielle avec les rites de nombreuses religions théistes, ces activités ne sont cependant ni des prières ni des supplications pour notre salut qu'on ferait à un Autre transcendant. Ce sont au contraire d'utiles et inspirants gestes d'humilité et e" respect pour la profonde nobilité et dignité du Triple Joyau.
Note:
Voir aussi:
Le mot Pâli vipassana -- souvent traduit comme "pénétration" -- a plusieurs sens. D'abord, il renvoie à l'éclair d'entendement intuitif libératoire qui marque le point culminant de la pratique de la méditation bouddhiste.[1] Dans les discours Pâli vipassana renvoie aussi à la capacité de l'esprit à clairement observer comment se déroulent les les événements au moment présent. En ce sens il s'agit d'une adresse qu'un méditant développe en se servant d'un large arsenal d'outils et de techniques méditatifs. Avec la pratique, cette adresse peut amener le méditant au seuil de la pénétration libératoire.[2] Dans son troisième sens, sens devenu particulièrement populaire en Occident au cours des dernières années, "Vipassana" (généralement écrit avec un "V" majuscule) renvoie à un système de méditation -- vipassana bhavana, ou "Méditation pénétrante" -- fondé sur une interprétation du Satipatthana Sutta (MN 10), le "guide pratique" concis du Bouddha au développement de l'attention (sati).[3]
Ceux qui suivent le populaire mouvement Vipassana citent souvent le Satipatthana Sutta comme l'essence des enseignements du Bouddha; certains prétendent même que les instructions qu'il contient sont les seuls qui soient nécessaires pour arriver à la pénétration libératoire. Le Bouddhisme Theravada, par contraste, saisit les milliers de discours du Canon pâli, chacun mettant en relief un aspect différent des enseignements du Bouddha. Dans le Theravada chacun des discours soutient, dépend de, reflète, et informe tous les autres; même un discours aussi important que le Satipatthana Sutta est considéré comme un simple fil dans la complexe tapisserie des enseignements du Bouddha.
Quoique de nombreux étudiants trouvent effectivement tout ce qu'ils veulent dans le Vipassana, certains ont l'impression agaçante qu'il manque quelque chose de fondamental. Cette réaction est à peine surprenante, puisque le Satipatthana Sutta lui-même a été prononcé devant un groupe de étudiants relativement avancés qui étaient déjà tout à fait expérimentés et bien établis dans la voie de la pratique du Dhamma. Heureusement, toutes ces pièces manquantes se trouvent dans le Canon pâli. Dans le Canon on trouve les enseignements du Bouddha sur la générosité et la vertu, les piliers jumelés sur lesquels toute pratique spirituelle est construite. Ses enseignements sur le souvenir du Bouddha, du Dhamma, et du Sangha servent à renforcer le développement de saddha (foi, confiance), qui fournit un carburant puissant pour soutenir la pratique du Dhamma longtemps après que nous soyons revenus de cette retraite de méditation. Dans le Canon on trouve aussi ses enseignements sur les inconvénients de la sensualité et la valeur du renoncement; sur le développement de tous les facteurs dans le Octuple Sentier, y-compris ceux qui sont rarement explorés au cours des retraites organisées de Vipassana: parole correcte, moyens de vie corrects, effort correct, et concentration correcte (au sens de jhana). Et il y a, beaucoup plus.
Dans le Theravada, la voie de la pénétration libératoire ne se résume pas à une seule technique de méditation ou à être continuellement attentif. La voie de l'Eveil est pleine de retournements étonnants mais, fort heureusement, le Bouddha nous a laissé an assortiment d'outils à utiliser et de techniques à apprendre pour nous aider à accomplir le périple en toute sécurité.
Voir aussi: "What is Theravada Buddhism?"
Notes:
2. Voir "One Tool Among Many: The Place of Vipassana in Buddhist Practice" (Thanissaro Bhikkhu) [Retour]
3. L'actuel mouvement Vipassana est sorti de la tradition de Satipatthana Vipassana, un système de méditation basé sur le Satipatthana Sutta et développé par des moines birmans au début du 20ème siècle. Dans les années 1950 les enseignants birmans Sayagyi U Ba Khin (un laïc; 1899-1971) et Mahasi Sayadaw (un moine; 1904-1982) avaient indépendamment codifié et institutionnalisé ces enseignements, les rendant largement accessibles à travers toute l'Asie du Sud et, à terme, l'Occident. L'approche à la méditation Satipatthana Vipassana continue de jouir d'une grande popularité parmi les laïcs en Occident. Voir Satipatthana Vipassana: Insight Through Mindfulness par Mahasi Sayadaw (Kandy: Buddhist Publication Society, 1990) et The Essentials of the Buddha Dhamma in Meditative Practice par U Ba Khin (Kandy: Buddhist Publication Society, 1981). [Retour]
Note:
Notes:
L'acte de prendre refuge dans le Bouddha, le Dhamma, et le Sangha[2] marque un tournant important dans le développement spirituel de quelqu'un, le véritable départ du périple au long de la voie bouddhiste.[3] Il aide à générer une saine attitude envers la pratique bouddhiste en encourageant le développement de la vue correcte, et sert de constant rappel autant du but de la pratique que des moyens d'atteindre ce but. Il est donc crucial d'être clair et précis sur le sens des refuges, si on ne veut pas finir sur un chemin tout à fait différent de celui que le Bouddha avait à l'esprit.
En prenant refuge dans le Sangha, nous posons nos vues intérieures sur la communauté idéale des Nobles Personnes (ariya-sangha) -- ces moines, nonnes, laïques hommes et femmes qui, à travers l'histoire, ont par leurs propres efforts diligents réussi à mettre à exécution les instructions du Bouddha et ont obtenu au moins un aperçu du bonheur suprême de nibbana. Si ceci est la direction dans laquelle nous souhaitons nous aussi aller, alors c'est chez ces individus qu'il nous faut nous tourner pour prendre refuge:
Mais prendre refuge ne s'arrête pas là. On nous demande aussi de nous tourner vers la communauté monastique (bhikkhu-sangha) pour refuge, car c'est grâce lignage ininterrompu de cette institution vieille de 2,600 ans que nous avons la chance aujourd'hui de pouvoir entendre les enseignements. Qui plus est, l'exemple vivant de la communauté monastique sert à nous rappeler de l'immense valeur de la générosité, de vivre une vie moralement droite, du renoncement -- bref, il nous rappelle qu'il est effectivement possible de vivre une vie pleinement en accord avec chaque aspect des enseignements du Bouddha. En réalité, évidemment, ce n'est pas chaque moine ou nonne qui vit nécessairement au niveau des hauts standards de comportement du Bouddha. C'est pour cette raison que c'est dans l' institution du Sangha que nous prenons refuge, et pas dans les membres individuels eux-mêmes. Ceci est le Sangha vers lequel les gens se sont tournés depuis l'époque du Bouddha:
Ce sont donc de ces exceptionnels groupes des gens -- l' ariya-sangha et le bhikkhu-sangha -- que parlent le Troisième Joyau et Refuge; ce sont ces groupes qu'on demande à prendre pour refuge, et pas à certaine communauté vaguement définie d'amis de Dhamma du même avis et collègues de méditation. Dans quel groupe préférez-vous mettre votre confiance?
Dans un effort pour résoudre cette confusion, certains auteurs ont proposé diverses alternatives au mot "sangha" pour décrire des rassemblements et des communautés de compagnons du Dhamma.[4] Mais ceci me laisse toujours me demander pourquoi il nous faudrait ici invoquer la langue Pâli. Est-ce qu'un groupe de méditation a vraiment besoin d'un nom spécial? Pourquoi ne pas simplement l'appeler un "groupe de méditation" et le laisser comme ça?
"Sangha" est un terme important au sens riche et précis. Il signifie quelque chose de véritablement extraordinaire et brillant qui peut constamment nous rappeler les plus hautes et très excellentes possibilités que la Voie peut offrir. Utilisons-les bien.
Notes:
2. Je suis ici la convention de mettre une majuscule à "Sangha" lorsqu'il se réfère au troisième objet de refuge. [Retour à texte]
3. Voir Refuge: An Introduction to Buddha, Dhamma and Sangha par Thanissaro Bhikkhu (1997). [Retour]
4. Deux propositions de ce genre seraient parisa (la "quadruple assemblée": moines (bhikkhus), nonnes (bhikkhunis), laïcs (upasakas), et laïques (upasikas), sans égard à la réalisation spirituelle; voir Refuge: An Introduction to Buddha, Dhamma & Sangha par Thanissaro Bhikkhu (1997)) et gana (chapitre; quorum; bande). [Retour]
Le plus récent des Bouddha est né Siddhattha Gotama en Inde au sixième siècle AEC. C'est généralement de lui qu'on parle quand on dit "Le Bouddha".[1]
Le prochain Bouddha qui doive apparaître est dit être Maitreya (Scrt; Pâli: Metteyya), un bodhisatta qui réside présentement dans les cieux Tusita. La légende veut qu'à un moment donné dans un avenir très distant, une fois que les enseignements du Bouddha courant auront depuis longtemps été oubliés, il renaîtra en tant qu'être humain, redécouvrira les Quatre Noble Vérités, et enseignera le Noble Octuple Sentier une fois encore. Quoiqu'il joue un rôle important dans certaines traditions du Bouddhisme Mahayana, dont les disciples en appellent à lui pour une renaissance favorable et leur salut,[2] il joue un rôle insignifiant dans le Theravada. Je crois qu'il n'est mentionné qu'une fois dans tout le Tipitaka, dans le Cakkavatti-Sihanada Sutta (DN 26; Le Rugissement du Lion sur la Mise en route de la Roue):
Maitreya est souvent dépeint dans l'art chinois et japonais comme ce joyaux type au gros ventre.[3]
Notes:
2. The Buddhist Religion: A Historical Introduction (quatrième édition) par R.H. Robinson & W.L. Johnson (Belmont, California: Wadsworth, 1997), pp. 105-6. [Retour]
3. Ibid., p. 106. [Retour]
Mais si vous êtes vraiment tout seul, ne désespérez pas. Quoique disposer d'une encourageante communauté d'amis dans le Dhamma de même orientation puisse se révéler une incroyable stimulus à la pratique, on peut toujours avancer par soi-même:
Même si si vous ne disposez pas d'une communauté d'amis, vous pouvez toujours apprendre à vous poser les bonnes questions -- questions qui vous entraîneront plus profondément dans votre entendement du Dhamma (voir "Questions of Skill"). Qui était le Bouddha? Qu'a-t-il accompli? Quel est le but de la pratique bouddhiste? Qu'est-ce que l'éveil ? Pourquoi la moralité est-elle la base des enseignements du Bouddha? Quel est l'intérêt de la méditation? Qu'est-ce que la sagesse? Est-ce que je suis honnêtement la voie que le Bouddha a tracée? Quel est le rôle de la foi? Si vous pouvez garder des questions comme celles-là vivantes dans votre coeur, vous devriez rester sur la voie.
Vous n'avez pas besoin d'une cérémonie publique formelle ou d'une "initiation" qui rende cela officiel. Il n'y a pas dans le Bouddhisme d'équivalent aux rituels de "baptême" ou de "confirmation" du Christianisme. Pas besoin de s'habiller différemment ou de porter une étiquette qui dit, "Je suis désormais a bouddhiste." La pratique du Dhamma est une affaire privée et personne d'autre que vous n'a besoin de le savoir. De nombreux bouddhistes trouvent cependant extrêmement important de renouveler leur engagement envers le Triple Joyau et aux préceptes de temps en temps de façon plus formelle, en prenant un bon ami, un maître de méditation respecté, ou un membre de la communauté monastique (Sangha) comme témoin.[3] Donner les refuges et les préceptes à des laïcs est un devoir que les moines bouddhistes sont heureux d'accomplir.
De nombreuses personnes trouvent difficile de maintenir leur engagement au Dhamma tout seuls, sans le soutien d'amis et compagnons qui partagent leurs idées. (Il peut être dur de s'en tenir aux préceptes si on est entouré de gens qui ne voient aucun mal à dire des mensonges, ou dans le fait d'avoir une aventure sentimentale secrète de temps en temps, ou à sortir pour boire tous les soirs.) Il se peut que vous ayez à faire un patient travail d'investigation pour trouver ce genre de soutien (voir Comment puis-je trouver d'autres personnes avec qui étudier le Dhamma et pratiquer la méditation?, ci-dessus).
Lorsqu'on a fait ces premiers pas, on peut procéder tout au long de la voie bouddhiste à sa propre manière et à son propre rythme. Quoiqu'on puisse beaucoup apprendre tout seul sur le Dhamma, votre entendement croîtra par sauts et par bonds une fois que vous aurez trouvé un bon enseignant -- quelqu'un à qui vous faites confiance et que vous respectez, qui garde les préceptes, et qui comprend le Dhamma et peut le communiquer clairement.[4] Les autres aides au progrès dans l'entendement du Dhamma sont comme suit: approfondir votre entendement des préceptes; étudier les suttas;[5] rencontrer des moines ou des nonnes (le Sangha) et se familiariser avec leurs traditions; le développement d'une oreille fine et discernante qui peut reconnaître lesquels parmi les enseignements spirituels populaires d'aujourd'hui s'accordent vraiment à ce qu'enseignait le Bouddha;[6] et apprendre la méditation. Comment vous procéderez est entièrement votre affaire, mais la conclusion est celle-ci: apprenez ce qu'enseignait le Bouddha et mettez-le en pratique de votre mieux dans votre vie.
Si jamais vous deviez décider que les enseignements du Bouddha ne sont pas pour vous, vous seriez libre de vous en aller à tout moment et de trouver votre propre voie. Il n'y a pas de cérémonie pour renoncer aux enseignements du Bouddha. Rappelez-vous seulement: votre bonheur est entre vos propres mains.
Notes:
2. Voir les verses d'ouverture du Dhammapada. [Retour]
3. Pour la formule pâli standard pour demander les refuges et les préceptes, voir A Chanting Guide: Pâli Passages with Translations. [Retour]
4. Voir "L'amitié admirable (kalyanamittata)" dans les pages Chemin de la Liberté. [Retour]
5. Voir "Befriending the Suttas: Some Suggestions for Reading the Pâli Discourses". [Retour]
6. Voir le Guide d'études "Recognizing the Dhamma," préparé par Thanissaro Bhikkhu.[Retour]
Un mariage est un excellent moment pour renouveler son engagement autant envers le Triple Joyau et à vivre dans accord avec les cinq préceptes. Dans les pays bouddhistes un couple peut rendre visite au monastère local peu avant ou peu après le mariage pour offrir de la nourriture à la communauté monastique, réciter les refuges et préceptes de façon formelle, recevoir un peu d'instruction du Dhamma, et possiblement recevoir une bénédiction ou deux des moines. Si une telle visite n'est pas possible pour vous, vous pourriez faire votre propre cérémonie des refuges et préceptes (utiliser la cérémonie formelle comme guide). Vous pourriez aussi considérer la possibilité de réciter les "Cinq Sujets à se Rappeler fréquemment," le Maha-mangala Sutta, ou tout autre passage qui vous inspire.
Voir aussi:
Pour des observations sur la façon dont le divorce est compris au Sri Lanka, voir The Position of Women in Buddhism, par Dr. (Mrs.) L.S. Dewaraja.
Le Bouddha s'est cependant montré assez dur à propos de la sexualité/la sensualité en général, puisque c'est l'une des plus puissantes expressions de l'envie insatiable et de l'attachement humains. Et l'envie insatiable -- la seconde Noble Vérité -- est une cause-racine de la souffrance humaine. Le Bouddha s'est montré très clair: si vous êtes authentiquement préoccupé de votre bonheur à long-terme, alors cela vaut la peine de réévaluer l'intérêt de s'engager dans des activités -- qu'elles soient hétérosexuelles, homosexuelles, ou non-sexuelles -- qui entretiennent vos envies insatiables:
Il est intéressant de remarquer que le Bouddha décourageait de façon explicite ses disciples -- hommes et femmes, à égalité -- à s'attarder sur leur identité sexuelle (AN VII.48). Quoique ce soient des hérérosexuels qu'il ait décrit dans ce sutta spécifique, le message s'applique clairement à tout le monde.
On peut trouver une indication du sérieux avec lequel le Bouddha considérait l'avortement dans le Vinaya, la collection de textes qui définissent le comportement et les devoirs de l'ensemble monacal bouddhiste. Selon le Vinaya, si un bhikkhu ou une bhikkhuni facilitaient un avortement, ou si une femme devait se faire avorter à la suite de leur recommandation, alors ce bhikkhu ou cette bhikkhuni serait immédiatement expulsé du Sangha, ayant rompu l'une des quatre règles cardinales du comportement monastique.[2]
Notes:
2. Cette règle (Parajika #3), qui s'applique autant aux bhikkhunis qu'aux bhikkhus, dit:
Le commentaire à cette règle établit clairement que l'avortement compte comme "intentionnellement priver de vie un être humain". Voir The Buddhist Monastic Code, Vol. I [Retour]
La plus importante leçon que des parents puissent transmettre à leurs enfants, c'est que chaque action a des conséquences. Chaque moment nous présente une occasion, et c'est à nous de choisir comment nous voulons penser, parler, ou agir. Ce sont ces choix qui à terme déterminent notre bonheur. Ceci est l'essence du kamma, la loi fondamentale de cause et effet qui sous-tend le Dhamma. Il se trouve aussi que c'est le message qui se cache derrière l'un des rares enseignements que nous ayons que le Bouddha a donné à son seul enfant, Rahula.[1] Ce sutta -- l' Ambalatthikarahulovada Sutta (MN 61) -- offre aux parents certains indices importants à propos de l'enseignement du Dhamma à de jeunes enfants -- en termes et du contenu de ce qu'il y a à enseigner, et de la méthode à utiliser.
Dans ce sutta le Bouddha réprimande le petit Rahula, sept ans, pour avoir dit un petit mensonge. Le contenu de la leçon du Bouddha est ici clair et simple: cela concerne la parole correcte, et il s'agit d'aider Rahula à rester fidèle aux principes fondamentaux de la vertu. Il y a plusieurs aspects remarquables dans la méthode du Bouddha. D'abord, en traçant avec art des comparaisons avec un ustensile d'usage courant (dans ce cas, une louche pour l'eau), le Bouddha se fait comprendre dans un langage vivant et en rapport avec l'âge que Rahula peut aisément comprendre. Deuxièmement, le Bouddha ne se lance pas dans une interminable conférence abstraite sur la nature du kamma, mais au contraire maintient la leçon centrée sur le problème immédiat qu'il a à sa disposition: choisir ses actions avec soin. Troisièmement, quoique les the préceptes constituent effectivement le cadre fondamental d'un comportement moral, le Bouddha ne les mentionne pas ici -- probablement parce que certains des préceptes (à propos de la sexualité et de l'usage d'intoxicants) ne sont tout simplement pas pertinents pour la plupart des gamins de sept ans. (Peut-être le Bouddha avait-il plus à dire à propos des préceptes à l'époque où Rahula était adolescent.) Quatrièmement, le Bouddha garde Rahula attentif au cours de la leçon en lui posant des questions simples; ce n'est en rien un cours sec et soporifique. Et finalement, le Bouddha se sert de l'occasion que lui offre ce "moment d'enseignement" pour s'avancer en territoire plus profond, et expliquer à Rahula l'importance de la réflexion intérieur avant, pendant, et après la performance d'une action de toute sorte -- que ce soit de corps, de parole, ou d'esprit. Le Bouddha place ainsi le petit méfait de départ de Rahula dans un contexte bien plus large, le transformant en une leçon profondément et durablement significative.
Quoique la plupart d'entre nous qui sont parents pouvons seulement rêver d'enseigner à nos enfants de façon aussi consciente et efficace que le Bouddha, nous pouvons quand même tirer la leçon de son exemple. Mais avant que nous puissions traduire son exemple dans l'action, il y a un point crucial à reconnaître: les instructions du Bouddha à son fils furent données par quelqu'un qui savait vraiment de quoi il parlait; le maître de Rahula était quelqu'un qui avait sincèrement pratiqué ce qu'il prêchait, un modèle par excellence. Le message est donc clair: si nous espérons instruire nos enfants de choses qui concernent la voie du Dhamma, nous ferions mieux d'être sûrs que nous-mêmes pratiquons cette voie. Si vous faites valoir les vertus des qualités adroites telles que la générosité, la sincérité, et la patience, mais que vos enfants vous voient être radins, vous entendent dire des mensonges, ou vous voient perdre votre sang-froid, alors votre message sera perdu. Evidemment, vous n'avez pas besoin d'avoir parfait le Dhamma afin d'instruire vos enfants, mais pour que votre instruction ait un poids quelconque, vos enfants doivent pouvoir témoigner de première main que vous-même vous efforcez sincèrement de mettre ces mêmes enseignements en pratique. Et si vous pouvez les inspirer par votre exemple et leur donner les techniques dont ils ont besoin pour savoir de vivre en accord avec le Dhamma, alors vous leur aurez effectivement fait un rare cadeau:
Si vous cherchez des livres à lire à (ou avec) un petit enfant, je vous recommande la série des livres d'histoires de Jataka [2] amplement illustrées en couleurs et publiés par Dharma Press. Ces livres (dans la "Jataka Tales Series") racontent des histoires des vies antérieures du Bouddha. Ils conviennent aux enfants de moins de 10 ans, et sont disponibles chez » Dharma Publishing (2910 San Pablo Avenue, Berkeley, CA 94702, USA).
Notes:
2. Les Jataka, ou "Histoires des naissances", est un livre dans le Khuddaka Nikaya qui raconte des récits des vies antérieures du Bouddha avant sa renaissance finale en tant que Siddhattha Gotama. Dans ses vies antérieures il était né humain, ou oiseau, ou singe, etc., et il avait consacré chaque vie à renforcer une qualité adroite. Donc, une histoire de Jataka pourra être à propos du développement de la patience, une autre à propos du développement de la générosité, et ainsi de suite. [Retour]
Il est interdit aux moines Theravada de manger certaines sortes de viande,[1] mais vu que leur nourriture leur est fournie par la générosité des sympathisants laïcs,[2] qui peuvent être ou ne pas être eux-mêmes végétariens,[3] ils ne sont pas requis de pratiquer un végétarisme strict. Les moines Theravada ne sont pas non plus requis de manger tout ce qui est posé dans leur bol à aumônes; un moine fermement décidé à rester végétarien peut donc tout simplement ignorer la viande dans son bol. Dans les parties de l'Asie où on n'a jamais entendu parler de végétarisme, cependant, les moines végétariens sont confrontés à un choix très clair: manger de la viande ou mourir de faim.
Prendre part à l'acte de tuer pour de la nourriture (chasse, pêche, trappe, boucherie, etc.) est absolument incompatible avec le premier précepte, et devrait être évité.
Mais qu'en est-il si je mange -- ou juste que j'achète -- de la viande: est-ce que je n'encourage pas simplement quelqu'un d'autre à tuer pour moi? Comment laisser quelqu'un d'autre faire le "sale boulot" peut-il en quelque manière être consistant avec le principe bouddhiste de ne pas faire de tort, cette pierre d'angle de l'Intention correcte? Ceci est délicat. Quoique les suttas sont muets sur cette question, je crois personnellement que ce serait mal d'ordonner quelqu'un, "Auriez-vous l'amabilité de tuer ce poulet pour moi," puisque cela incite cette personne à rompre le premier précepte.[4] Certes, cela serait un mauvais kamma. (Considérez ceci chaque fois que vous serez tentés de commander, mettons, un homard fraîchement tué dans un restaurant; en passant votre commande vous ordonnez, en fait, sa mise à mort.) Mais acheter un morceau de la viande d'un animal mort est une autre affaire. Quoique mon achat puisse effectivement contribuer à maintenir le boucher ou le restaurateur en affaires, je ne lui demande pas de tuer pour mon compte. Qu'il tue une autre vache demain est son choix, pas le mien. Ceci est un point difficile mais important, et qui révèle la distinction fondamentale entre choix personnels (choix destinés à altérer mon propre comportement) et choix politiques (choix destinés à altérer le comportement des autres). Chacun de nous doit découvrir pour lui-même où se situe la limite entre the deux. Il est crucial de se rappeler que les enseignements du Bouddha sont, d'abord et avant tout, des outils pour nous aider à apprendre à faire de bons choix personnels (kamma); ce ne sont pas des prescriptions pour l'action politique.
Nous ne pourrions pas survive longtemps dans ce monde sans causer du mal d'une sorte ou d'une autre à d'autres créatures. Peu importe avec quel soin nous marchons, d'innombrables insectes, bestioles, et autres créatures périssent par inadvertance sous nos pieds à chaque pas. Où pouvons-nous donc seulement commencer à tirer une ligne entre mal "acceptable" et "inacceptable" ? La réponse du Bouddha était très claire et pratique: les cinq préceptes. Il ne demandait pas à ses disciples de devenir végétarien; il nous demandait simplement d'observer les préceptes. Pour plusieurs d'entre nous, ceci est un défi en soi . C'est ici que nous commençons.
Notes:
2. Voir "The Economy of Gifts" par Thanissaro Bhikkhu. [Retour]
3. Dans certaines écoles du Bouddhisme Mahayana, les membres des communautés monastiques pratiquent effectivement le végétarisme. Voir The Buddhist Religion: A Historical Introduction (quatrième édition) par R.H. Robinson & W.L. Johnson (Belmont, California: Wadsworth, 1997), pp. 213-14. [Retour]
4. Ceci est en accord avec la règle monastique à propos ne pas manger de la viande dont il voit, entend, ou soupçonne qu'elle a été tuée spécifiquement pour lui. Voir The Buddhist Monastic Code [Retour]
Il vaut probablement mieux ne pas trop passer de temps à spéculer sur le degré d'Eveil de quelqu'un d'autre, tout simplement parce que nos propres illusions et souillures vont nécessairement obscurcir notre vision. Vous occuperez bien mieux votre temps en regardant à l'intérieur de vous-même et en vous demandant, "Suis-je éveillé? Suis-je arrivé à la fin de la souffrance et du stress?" Si la réponse est négative, alors il vous reste du travail à faire. Certaines lignes d'interrogation valent bien, cependant, qu'on les poursuive par rapport à la pureté de quelqu'un d'autre -- particulièrement lorsqu'on doit décider si on accepte ou pas cette personne en tant que maître de Dhamma: "Cette personne semble-t-elle authentiquement heureuse? Vit-il ou vit-elle selon les préceptes? Est-ce que l'interprétation du Dhamma qu'il ou elle enseigne est valide? Puis-je apprendre de cette personne quelque chose qui ait une vraie valeur?" Il peut falloir une longue et étroite association avec quelqu'un avant qu'on puisse commencer à répondre à ces questions avec quelque confiance (AN IV.192). Mais si vous trouvez effectivement quelqu'un qui possède cette rare constellation de bonnes qualités, restez avec cette personne: il ou elle a probablement quelque chose de grande valeur à vous enseigner.
Finalement, une règle empirique que je trouve utile: quelqu'un qui prétend de partout être éveillé (ou laisse traîner des suggestions à cet effet) n'est probablement pas -- du moins pas au sens que le Bouddha avait à l'esprit.
Voir aussi: "Recognizing the Dhamma" (Guide d'étude)
La PTS est depuis plus d'un siècle le principal éditeur du Tipitaka, autant dans en Pâli romanisé qu'en traduction anglaise, mais plusieurs de leurs traductions sont désormais très dépassées. De bien meilleures traductions de plusieurs portions du Canon sont désormais disponibles chez d'autres éditeurs. Voici mes recommandations pour traductions imprimées qui s'ajoutent à une utile -- quoiqu'incomplète -- version du Tipitaka:
Ces livres sont difficiles à lire; vous accepterez avec soulagement la sobre direction de l'Abhidhammattha Sangaha, un commentaire médiéval par Acariya Anuruddha. Voici de loin la meilleure traduction de cet ouvrage: A Comprehensive Manual of Abhidhamma, traduit et publié par Mahathera Narada et Bhikkhu Bodhi (Kandy: Buddhist Publication Society, 1993). [1 vol.]
Les dons de toute sorte sont sans conteste bons. Le Bouddha nous encourage à donner généreusement chaque fois que quiconque demande de l'aide [Dhp 224]. Et même le plus petit des cadeaux, lorsqu'offert d'un coeur généreux, a une valeur incroyable: "Même si une personne jette les rinçures d'un bol ou d'une tasse dans l'étang d'un village, en se disant, 'Puisse tout animal qui vit ici se nourrir de ceci,' ce serait une source de mérite" [AN III.57]. Mais la vraie récompense de donner dépend fortement du climat dans lequel advient le don. Le donateur et le récipiendaire -- le donateur et l'organisation -- partagent une égale responsabilité dans la création d'un climat qui tire le maximum de la générosité. Si tous deux sont sérieux à propos de mettre les enseignements du Bouddha en pratique, ils ont intérêt à considérer les points suivants:
D'abord, les bénéfices du don se multiplient en rapport avec la pureté des motifs du donateur. Un cadeau que nous donnons à contrecoeur ne rend que de modestes récompenses pour tous ceux qui sont concernés, alors qu'un cadeau donné d'une authentique main ouverte, "sans chercher [notre] propre profit, pas avec un esprit attaché [à la récompense]," est de bien plus grande valeur [AN VII.49]. Si nous donnons dans l'attente de recevoir en retour quelque chose du récipiendaire -- bénéfices découlant du fait d'être membre, certificat d'appréciation, un livre, un cours de méditation, etc. -- on se vole soi-même, et on dilue la puissance de notre générosité. Les organisations bouddhistes devrait donc être prudentes lorsqu'il s'agit de donner cadeaux avec ces sortes d'à-côtés.
Ensuite, le Bouddha ne nous encourage pas à demander des cadeaux. En fait, il dit tout à fait l'opposé: il nous encourage à faire avec le peu qu'on a déjà [AN IV.28]. Cette thématique du contentement-de-peu résonne à travers les enseignements du Bouddha. Dans mon esprit, une longue "liste de voeux" pour des choses dont le leveur de fonds a depuis longtemps besoin transmet un sentiment d'insatisfaction, et paraît donc en désaccord avec ce message. La plupart des donateurs aiment donner quand ils savent que leur cadeau -- peu importe à quel point il puisse être humble -- est sincèrement apprécié par le récipiendaire. Si je ne puis donner qu'un tout petit cadeau, je me demande s'il sera apprécié -- ou même remarqué -- par une organisation qui a d'ambitieux objectifs de levée de fond ou une longue et chère liste de besoins. Une organisation peut promouvoir très effectivement les enseignements du Bouddha, et inspirer la plus grande confiance parmi ses membres et amis, en maintenant ses besoins modestes et ses requêtes rares.
Troisièmement, la pureté du récipiendaire importe aussi [SN III.24]. Lorsque nous donnons à des gens vertueux -- ceux qui, tout au moins, maintiennent les cinq préceptes -- non seulement nous reconnaissons leur intention de développer la vertu (sila), mais nous renforçons aussi notre propre résolution. Donner à des gens vertueux est ainsi une puissante force karmique dont les bénéfices s'étendent bien au delà du moment de donner lui-même. La générosité et la vertu sont profondément entremêlées; quand nous apprenons à exercer avec adresse nos impulsions généreuses, et que nous donnons là où le cadeau récoltera son plus grand fruit, nous tirons le maximum des deux. Que nous soyons donateur ou récipiendaire, nous bénéficions au maximum de la générosité lorsque nous prenons la vertu au sérieux.
Finalement, j'en appelle aux groupes et organisations bouddhistes débutants: soyez très, très patients, et résistez à la tentation de faire grandir votre organisation. Le succès d'une organisation bouddhiste ne devrait jamais se mesurer en termes commerciaux conventionnels: nombre de membres, nombre de téléchargements, nombre de cours donnés, quantité d'argent récolté, etc. Son succès ne peut être mesuré que par comment elle incarne les enseignements du Bouddha. Si elle fait du bon boulot bien fermement enraciné dans les principes de vertu, les gens qui reconnaissent la vertu quand ils la voient la remarqueront inévitablement et seront tentés de donner un coup de main avec une générosité sans limites. Toute organisation qui peut faire ceci transmet beaucoup aux autres, et de la manière la plus directe possible, l'inestimable tradition de la générosité, qui est le coeur et l'âme du Dhamma -- le plus grand cadeau de tous [Dhp 354].
Voir aussi:
Mais il y a une autre raison, plus profonde d'y penser à deux fois à propos de vendre des livres de Dhamma. Depuis l'époque du Bouddha, les enseignements ont traditionnellement été donnés gratis, en passant librement de maître à élève, d'ami à ami. Les enseignements sont considérés comme inestimables, et nous ont été transmis à travers tous les siècles par flot ininterrompu de générosité -- les fondations-mêmes de tous les enseignements du Bouddha. Cette tradition continue avec la production gratuite des livres de Dhamma. A partir de l'auteur, le flot coule en avant à travers tous ceux qui donnent de leur temps à préparer, mettre en forme et en caractères, et imprimer le livre; grâce aux donateurs qui subventionnent l'impression; et grâce à ceux qui prennent soin de la distribution et de l'expédition. Si vous avez le bonheur de recevoir un livre porté par ce courant de générosité, vous apprendrez une importante leçon du Dhamma longtemps avant que vous n'ouvriez même la couverture. Du moment que quelqu'un met un prix sur un livre de Dhamma, non seulement vous devez mettre de l'argent pour l'avoir, mais vous en obtenez moins en retour: vous obtenez un livre qui est seulement à propos du Dhamma, au lieu d'un qui soit lui-même un exemple du Dhamma en action. Lequel croyez-vous a la plus grande valeur?
Gardez donc ceci à l'esprit la prochaine fois que vous vous trouverez à dépenser de l'argent en échange du Dhamma -- que ce soit sous la forme d'un livre, d'une cassette audio, d'un CD-ROM, d'une conférence du Dhamma, d'une classe de méditation, d'une retraite. Le vieil adage vaut toujours: caveat emptor -- Que l'acheteur fasse attention.
Voir aussi: Quelle est la relation entre 'dana' et 'levée de fonds'?